Chapitre 45


Le Neh kyong


Il s'éveilla en sursaut. Il faisait toujours nuit et le feu était réduit à un tas de cendres où rougeoyaient encore quelques braises. Il sentit immédiatement que quelque chose était entré dans leur refuge et le grondement sourd de Yol était une confirmation suffisante. Près de sa tête, quelque chose bougea doucement et il sentit la patte sèche et squameuse de Xarax contre sa joue.

Xarax sait ce qui est entré. C'est un Neh kyong, un Gardien du Lieu. Xarax ne peut pas te protéger d'un Neh kyong, mais normalement il n'est pas hostile. Xarax ne sait pas, il n'est pas venu ici depuis très longtemps.

Julien répondit mentalement :

On va le savoir tout de suite. De toute façon, ça ne sert à rien d'attendre. Reste avec moi.

Lentement, Julien s'assit, saisit sa lampe torche et l'alluma. L'optique était réglée pour produire un rayon aussi large que possible, mais il eut beau balayer les moindres recoins du sol et de la voûte, il ne vit rien, ce qui n'était pas étonnant, ainsi que l'expliqua Xarax.

On ne peut pas voir un Neh kyong. Pas avec les yeux. Il est à la fois ici et ailleurs. Mais Xarax le voit près du mur, au fond. Si tu ne cherches pas à regarder un point en particulier, tu finiras pas l'apercevoir dans ton esprit.

Il fallut un peu plus de deux minutes à Julien pour se détendre suffisamment. Il comprit alors ce que le haptir voulait dire. À quelques pas de lui, au fond de leur abri, il distinguait une forme sombre. En fait c'était plutôt comme l'image mentale de quelque chose qu'on a vu, mais qui vient juste de disparaître. L'effet était d'autant plus déconcertant qu'il aurait été incapable de préciser les contours exacts de cette forme. On était immédiatement conscient qu'il s'agissait d'un être vivant, qu'il avait un corps avec une forme définie, mais l'esprit se refusait à y voir quoi que ce soit de reconnaissable.

“Empereur Yulmir... Je te salue. Ta visite est un honneur. Quoique ton apparence soit surprenante. Tout comme celle de ce Passeur qui tremble à ton côté. Je vois que ton haptir se porte bien. Salut, Honorable Xarax.

La voix puissante de l'entité, elle aussi, était perçue comme l'immédiat souvenir d'un son juste entendu. C'était déconcertant et Julien, frissonnant, son torse nu hors de la tiédeur du duvet, dut faire un gros effort pour se forcer à répondre.

“Honorable Neh kyong. Vous me connaissez sans doute, mais moi, je ne me souviens pas de vous. Je ne me souviens même pas d'avoir été Yulmir. Je suis né hors des Neuf Mondes et il y a plein de choses que je ne comprends pas très bien. J'espère que vous me pardonnerez de ne pas connaître votre nom. Quant au Passeur, près de moi, c'est l'Honorable Maître Yol l'intrépide, prisonnier du corps d'un animal. C'est lui qui m'a retrouvé et renvoyé dans le R'hinz.

“J'ai eu quelques échos de cette histoire. La coutume veut qu'on désigne un Neh kyong du nom du lieu qu'il préserve. Tu peux m'appeler Tchenn Ril. C'est le nom de la cité où nous sommes. Quant à toi, il paraît qu'on t'a chassé du R'hinz, faute de pouvoir te détruire. Tu sembles avoir de puissants ennemis... Mais tu as encore des alliés. Tu ne t'en souviens pas, mais je suis de ceux-là. J'ai contracté une dette dont toi seul peux me délier. Mon influence ne s'étend pas au-delà des limites de mon domaine, je ne peux pas t'accompagner dans tes voyages, mais ici, je pense pouvoir te rendre quelques menus services.

“Honorable Tchenn Ril, c'est très noble de votre part de me rappeler votre dette d'honneur, mais je suis certain que ce n'est pas ce qui vous pousse à m'aider.

“Non, en effet, cela aurait été amplement suffisant, mais la véritable raison est que l'action de ceux qui veulent t'abattre risque fort, non seulement de mettre en péril le R'hinz lui-même, mais aussi de détruire l'équilibre d'autres réalités dont ces fous n'ont certainement pas conscience. En quoi puis-je te servir ?

“Je ne sais pas encore. Pour l'instant, il faut que je me rende chez les Ksantiris. Yol pense qu'il ne faut pas que je me serve d'un klirk. Il croit que c'est comme ça que mes ennemis sont avertis de ma présence et ça fait maintenant deux fois qu'on a utilisé un klirk pour essayer de me détruire. Est-ce que vous pouvez prévenir le Premier Sire des Ksantiris ?

“Non. Comme je te l'ai dit, mon influence s'arrête aux limites de cette cité et de son territoire. Par contre, le jour va bientôt se lever et si tu me suis jusqu'à l'ancienne forteresse,je pense pouvoir te fournir un équipement qui ne te désignera pas immédiatement comme étranger à ce monde.

Julien n'hésita pas, il sortit de son sac de couchage et entreprit de s'habiller et de faire son sac. Moins de dix minutes plus tard, alors que le ciel commençait à peine à s'éclaircir vers l'est, il crapahutait dans les buissons trempés et rejoignait la route de pierre. Il ne pleuvait plus, heureusement, mais les étoiles semblaient rayonner un froid piquant, annonciateur de givre.

La cité était plus vaste que Julien ne l'avait cru tout d'abord. Il leur fallut plus d'une demi-heure pour parvenir à ce qui semblait être le seul bâtiment demeuré intact dans l'immense champ de ruines. C'était, sans le moindre doute, une forteresse. Massive, ses murs légèrement inclinés s'élevaient jusqu'à une hauteur d'environ trois ou quatre étages. Ils étaient faits d'un assemblage d'énorme blocs de basalte brun-noir rappelant les constructions cyclopéennes des cités mayas. Tous les vingt mètres, des plaques du même métal gris que les klirks rappelaient, en tünnkeh ainsi qu'une dizaine d'autres langages, que par Décret Impérial, la mort attendait quiconque aurait l'imprudence d'essayer de pénétrer dans l'édifice. L'avertissement précisait que ni le passage du temps, ni l'abandon apparent de l'édifice ne diminueraient l'efficacité de cette interdiction. Julien, qui venait de lire cette aimable mise en garde alors qu'ils s'apprêtaient à s'engager sous la grande voûte qui était la seule ouverture dans la muraille rébarbative, émit un petit sifflement.

“Hé bien, on ne plaisante pas par ici. Je suppose qu'avec vous pour guide, on ne risque rien, mais peut-être que vous voudrez bien nous dire la raison de tout ça.

“La raison de tout ça est aussi la raison de ma présence ici. C'est toi, Empereur Yulmir qui m'as demandé de veiller sur cet endroit. Je fais en sorte que les choses qui rôdent dans cette forteresse ne quittent pas l'enceinte de ses murailles. En fait, l'édifice tout entier n'appartient plus vraiment au R'hinz. Comme moi, il appartient maintenant à deux réalités à la fois. Ça n'a pas toujours été le cas. Quoi qu'il en soit, si je ne vous protégeais pas, vous seriez déjà morts, détruits par les gardiens aveugles qui pullulent ici.

Julien parcourut du regard la grande place d'armes où ils avaient débouché après avoir franchi l'entrée. Rien ne ressemble plus à une caserne qu'une autre caserne et celle-ci ne faisait pas exception. Des rangées de fenêtres, des portes numérotées, une architecture délibérément dépourvue de tout ornement.

“Cet endroit est maudit, banni des Neuf Mondes par ton ordre. Les Maîtres de cette cité on commis un crime majeur : ils ont voulu asseoir leur puissance sur la possession d'armes interdites. La loi du R'hinz, comme tu t'en souviens peu-être, n'interdit pas la guerre car c'est sans doute une chose impossible. Mais la Loi du R'hinz interdit, outre les armes conçues pour tuer plus d'un adversaire à la fois, toutes les formes d'armes à feu. Les maîtres de cette cité avaient non seulement développé secrètement de telles armes, mais ils étaient aussi sur le point d'aboutir dans la recherche du Feu des étoiles. Ce genre de chose se produit de temps en temps et la réponse de l'Empereur est toujours implacable. Les responsables et les chercheurs ont immédiatement été transférés sur Tandil, séparés les uns des autres et laissés à leur sort avec un équipement et des armes rudimentaires. Toute la population a été fermement invitée à émigrer vers d'autres lieux dans des conditions équitables. Une secousse sismique déclenchée par mes soins a produit le champ de ruines que tu as pu admirer, ne préservant que ce seul édifice pour servir à l'édification de ceux que pourrait tenter pareille aventure.

Le Neh kyong les avait entraînés jusqu'à un escalier qui s'enfonçait vers un réseau de couloirs qui occupait vraisemblablement tout l'espace situé sous la citadelle. L'éclairage était pauvre, mais suffisant pour se diriger sans problème. Il les conduisit jusqu'à une porte où une inscription que Julien ne pouvait déchiffrer indiquait, selon Xarax, le ''magasin des Cadets''. Ils y entèrent sur l'invitation de leur hôte et découvrirent, derrière un long comptoir de bois poli, un nombre impressionnant de rangées d'étagères chargées de fournitures.

Julien passa une demi-heure à chercher des vêtements à sa taille et à en retirer les marques d'unité et de grade. Il n'était plus question de laï ou d'abba, mais d'un solide pantalon de drap bleu et d'une sorte de caban du même tissu et muni d'une capuche. Chemise, chaussettes et sous-vêtements suggéraient aussi que le climat n'était pas vraiment tropical et que le froid de ce matin n'avait rien d'exceptionnel. Une fois habillé, il choisit aussi un sac à dos où il mit deux chemises supplémentaires et quelques changes de sous-vêtements et chaussettes. Une couverture remplaça son duvet, qu'il abandonna avec un peu de regret. Il trouva aussi une gourde et l'équivalent local d'un briquet qui présentait une forte ressemblance avec un briquet à amadou et dont Xarax l'assura qu'il pourrait l'utiliser sans difficulté. Il dut bien sûr abandonner sa lampe-torche et ses jumelles ainsi que son couteau suisse presque tout neuf, mais le Neh kyong l'assura qu'il pourrait lui procurer de quoi remplacer sinon les jumelles, du moins la lampe et le couteau.

Il les guida pour cela jusqu'à une autre réserve qui était en fait une armurerie. Outre un nombre de caisses scellées alignées sur le sol, des panoplies d'armes couvraient la surface des murs. Arbalètes, sabres, hachoirs à lame courbe, masses d'armes, il y avait là une impressionnante variété d'outils destinés à trucider son prochain, de près ou de loin, proprement ou de façon horrible. L'une de ces panoplies était composée uniquement de poignards, couteaux de jet et autres dagues de chasse, certains superbement ornés d'incrustations précieuses. D'autres, plus sobres, donnaient une impression d'efficacité fonctionnelle et létale. Le regard de Julien s'arrêta sur un couteau relativement court, à l'aspect vaguement japonais, dont la lame épaisse, d'un noir mat et le manche sans ornements lui inspirèrent immédiatement confiance.

“Est-ce que je pourrais avoir celui-ci ?

“Excellent choix. Un nagtri de Renngor. Tu ne peux pas avoir celui-ci. Il a déjà appartenu à quelqu'un. Mais tu peux avoir l'un de ses frères.

Intrigué, Julien suivit les indications du Neh kyong pour ouvrir un petit coffre muni d'un mécanisme de fermeture compliqué où il découvrit cinq boîtes oblongues de bois rouge. Il en saisit une et l'ouvrit pour découvrir un nagtri dans son fourreau de corne brune.

Immédiatement, la voix de Xarax résonna dans sa tête :

Fais attention ! Si tu ne prends pas garde, tu vas perdre un ou deux doigts. Ces couteaux sont vivants, d'une certaine manière. Tu dois l'adopter pour qu'il te reconnaisse. Sors-le tout doucement de son fourreau.

Julien tira sur le manche qui résista un peu avant de se séparer de la gaine et découvrit lentement la lame. Il avait l'impression de tenir dans sa main un animal prêt à mordre.

Maintenant, pose ton pouce sur le fil de la lame. Tout doucement !!! Cette chose couperait la chair et l'os sans aucune difficulté.

Avec d'infinies précautions, Julien effleura la lame de son pouce. Il n'avait exercé aucune pression, pourtant, le sang perla instantanément, coulant sur le métal. Il retira immédiatement sa main, portant instinctivement son pouce à sa bouche. Il s'apprêtait à chercher quelque chose pour essuyer la lame lorsqu'il eut la surprise de voir que le métal absorbait les quelques gouttes vermeilles comme l'aurait fait un papier buvard.

Voilà, c'est ton nagtri maintenant. Jamais plus il ne tranchera ta chair. Jamais il n'appartiendra à quelqu'un d'autre. Essaie maintenant. Pose-le sur ton bras.

La confiance de Julien en son haptir put se mesurer par le fait qu'il posa sans hésiter le tranchant redoutable du nagtri sur son avant-bras et, comme le sang ne coulait pas, il appuya franchement avec pour seul résultat qu'il sentit sur sa peau la lame perdre totalement son tranchant et donner l'impression qu'il jouait avec une règle d'écolier. Mais lorsqu'il la retira pour la regarder de nouveau, le fil en était toujours si fin qu'aucun armurier sur Terre n'aurait pu en obtenir un semblable. Il se tourna vers le Neh kyong :

“Je suppose que c'est un cadeau royal que vous me faites. Je vous remercie.

“C'était en effet une arme réservée aux Premiers Sires des plus nobles Maisons. On prétend que le secret de leur fabrication est perdu. Prends bien garde à ne pas perdre le fourreau, il est en corne de tak de Tandil, c'est la seule matière, hors les métaux les plus durs, que cette lame accepte de ne pas trancher à la moindre pression. Mais ce n'est que peu de chose et je voudrais pouvoir faire bien plus.

Maintenant, je te suggère d'emporter aussi un couteau de poche ordinaire que tu trouveras dans cette caisse. Tu risquerais de t'attirer des questions indiscrètes si tu sortais un nagtri pour peler un garel.

Julien reçut aussi une lampe perpétuelle qu'il suffisait d'alimenter en eau (voire en urine, en cas de situation désespérée) et en sucre ou n'importe quelle substance qui en contenait. Elle fonctionnait selon le même principe de luminescence biologique que tout l'éclairage domestique des Neuf Mondes. Il remplit les poches de son sac de rations de combat qui ressemblaient fort, par l'aspect et le goût, à des barres de céréales. Elle dataient peut-être de quelques siècles, mais elles demeuraient cependant parfaitement comestibles. Le dernier don du Neh kyong, par contre, l'enchanta beaucoup moins.

“Empereur Yulmir, tu ne peux pas voyager sur Dvârinn avec une telle chevelure. Cela irait à l'encontre de la discrétion que tu recherches. Bien sûr, tu pourrais essayer de te faire passer pour une fille, mais je ne te le conseille pas. Tu trouveras des poutris dans cette armoire.

Le poutri en question n'était autre que le peigne-rasoir que chaque humain mâle des Neuf Mondes transportait dans sa poche. À contrecœur, il empocha l'instrument en se promettant bien, si jamais il retrouvait un jour son statut d'Empereur, de promulguer un décret interdisant de couper les cheveux des garçons au-dessus des épaules !

“Maintenant, si tu veux bien me suivre jusqu'au trésor, je pense pouvoir te donner quelques monnaies qui ont encore cours sur ce monde et j'aurai peut-être même un présent pour ton ami le Passeur.


La salle du trésor ne payait pas de mine, elle ne montrait qu'un alignement de coffres gris et un petit bureau où avait dû s'asseoir un obscur fonctionnaire. Le Neh kyong désigna sans hésiter un coffre dont la serrure émit un claquement sec alors que Julien s'en approchait. Une fois ouvert, il se révéla rempli de petites boîtes de carton contenant des monnaies de bronze, d'argent ou d'or soigneusement rangées en rouleaux bien tassés. Il ne s'agissait pas de pièces neuves, mais de monnaies qui avaient, pour certaines, déjà beaucoup servi. Avec l'aide des conseils de Xarax, Julien préleva et serra dans une bourse, un modeste assortiment de chacune des pièces les plus courantes, ainsi qu'une petite réserve de pièces d'or qu'il conserverait au fond de son sac pour un éventuel besoin plus important.


Une petite porte ouvrait sur une autre salle où s'entassaient des caisses certainement remplies d'objets de valeur, mais ce qui intéressait le Neh kyong se trouvait dans un petit placard dont les étagères portaient un grand nombre d'objets d'allure plus ou moins scientifique. Il s'agissait d'un collier fait de fils de métal blanc tressés et portant une turquoise de la taille d'une noix.

“Ceci est mon cadeau pour le Passeur. Un Premier Sire l'a fait confectionner il y a vraiment très longtemps. Il s'était pris, sur ses vieux jours, d'une passion pour un elak, qui est un animal rare, gracieux et affectueux qui s'apprivoise facilement. Il s'était persuadé qu'il ne manquait à cet elak que la parole pour qu'il devienne un compagnon idéal. C'est une illusion courante chez bien des possesseurs d'animaux familiers, mais lui avait les moyens de concrétiser ses fantaisies. Il offrit une fortune à qui ferait parler l'animal. Le résultat est ici. Ce collier traduit en sons les paroles prononcées mentalement par celui qui le porte. Je pense que ton ami sera heureux de pouvoir te parler directement.

“Et ça a marché, pour l'elak ?

“Oh oui ! Cependant l'elak est un animal charmant, mais assez stupide, et le collier n'a jamais émis que des couinements sans signification. Vous l'essaierez dehors, il faut qu'il se recharge à la lumière du soleil, il y a des siècles qu'il n'a pas vu le jour.

“Je suis certain que Yol n'aura aucun mal à l'utiliser. Je vous remercie.

Julien se pencha vers le chien/passeur et fixa le collier autour de son cou. Un réflexe agita brièvement la queue du bouvier : depuis toujours, un collier était synonyme de promenade !

Lentement, ils remontèrent à la surface. Dans la cour, la transparence glaciale du petit matin avait fait place à une brume épaisse et les quelques touffes de végétation qui avaient réussi à pousser entre les dalles de pierre se couvraient rapidement de givre. Julien avait des inquiétudes quant à sa capacité de retrouver son chemin, mais le Neh kyong les dissipa avant même qu'il ne les exprime.

“Je vais t'accompagner jusqu'à la limite de mon domaine. En chemin, nous allons te créer une identité qui te permettra de répondre aux questions les plus usuelles. N'essaie pas de tout graver dans ta mémoire, ton haptir est là pour ça. Il se souviendra de tout et te le répétera petit-à-petit autant que nécessaire. En fait, il devrait pouvoir graver tout ça dans ton esprit sans même que tu t'en doutes.

Xarax ! Tu m'avais caché tes talents ! Il y a encore beaucoup de choses, comme ça, que tu sais faire?

Xarax peut faire bien des choses, mais il ne conviendrait pas que Julien sombre dans l'oisiveté. De plus, les talents qu'on ne cultive pas ont tendance à se perdre et la faculté de mémoriser en est un.

C'est bon, on en discutera plus tard.

Il s'avéra que Tchenn Ril, le Neh kyong connaissait le monde bien au-delà de son domaine de quelques kilomètres. Il suggéra que Julien se nommerait Anhel, prénom qui le désignait comme natif d'une île assez lointaine mais appartenant toujours au domaine des Ksantiris et justifierait son accent étranger et son ignorance du patois local. Anhel, fils de Hanbar, Maître forgeron de T'aring était de retour d'une visite au vieux Maître Forgeron Nalak qui vivait effectivement retiré dans un hameau quasi-inaccessible du centre montagneux de l'île. Il y était allé pour recevoir la transmission d'un secret de fabrication. Il retournait maintenant chez lui et se rendait à Ksantir dans l'espoir d'y trouver un passage sur un vaisseau en direction de son île.

“Si tu parles peu et reste discret, tout devrait bien se passer. Bien sûr, tes compagnons ne pourront pas embarquer avec toi, un haptir et un animal exotique de cette taille ne passeraient pas inaperçus, mais ils pourrons rejoindre Ksantir par la terre, ce qui te serait difficile parce qu'il n'existe pas de route, le relief est trop accidenté.

“C'est ce que nous avions prévu. Xarax se chargera de garder le contact entre nous. Il m'assure qu'il peut voler la nuit et retrouver sans peine le bateau.

“Empereur Yulmir, il ne me reste plus qu'à te souhaiter le succès dans ton entreprise. Cette route te mènera directement à Kardenang en un peu moins d'une journée de marche. N'oublie pas de tailler ta chevelure !


oo0oo


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