Chapitre 70


La fin des vacances


La pluie avait heureusement cessé un peu avant l'aube et ils purent au moins bénéficier d'un repas chaud avant de reprendre la route et, lorsque le soleil apparut enfin dans une large déchirure des nuages, le moral était de nouveau au beau fixe. Le problème de l'entreposage du trésor en attendant que Sire Tahlil puisse venir le récupérer avait bien-entendu été réglé à l'avance et, au lieu de se diriger vers le village de Kardenang, ils se rendirent à une petite maison d'été appartenant à Dendjor qui l'occupait parfois entre deux croisières s'il éprouvait le besoin de d'éloigner un peu de l'agitation de l'auberge. L'endroit était à la fois rustique et confortable et dominait la mer depuis le haut d'une falaise impressionnante de granit vert.


Il fallut encore décharger le contenu des chariots pour l'entreposer dans une des deux chambres de la maison mais, le soir venu, ils firent un repas des plus joyeux près d'une cheminée où brûlait un feu bienvenu. Ils seraient bien restés jusqu'au lendemain matin, mais la maison était vraiment trop petite pour les accueillir tous confortablement. Il fut décidé que seuls Gradik et Tenntchouk y passeraient la nuit avant de partir rendre les chariots à leur propriétaire. Le reste de la troupe se mit en route pour une heure de marche vers l'auberge. Le chemin descendait, fort heureusement, car la nuit difficile et le déchargement des caisses avaient considérablement tiré sur les réserves des plus jeunes, et Dillik acheva l'expédition endormi sur les épaules de son père. Il fut installé, une fois n'est pas coutume, dans sa propre chambre, laissant Ambar et Julien partager seuls un lit où ils s'endormirent dès que leur tête toucha l'oreiller.


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“ Ambar, qu'est-ce que tu fais debout ?”

Julien murmurait dans la pénombre grise. On était encore loin de l'aube.”

“ J'ai eu envie de pisser.”

Julien souleva la couverture pour accueillir le garçon nu et frissonnant qui vint aussitôt se pelotonner contre lui.

“ Brrr... Tu es glacé. Et retire tout de suite tes pieds !”

“ Il faut bien que je les réchauffe. Tu sens bon.”

“ Tu trouves ? Ça fait deux jours qu'on ne s'est pas lavés et on a sué sang et eau sur ces fichues caisses.”

“ Moi, j'aime bien ton odeur. Lève un peu ton bras pour voir ?”

“ C'est ça, mets tes lunettes et écoute comme ça sent bon.”

“ Quoi ?”

“ Rien, c'est du Français.”

“ Mmmm... Tu devrait te laver moins souvent.”

“ Tu trouves ça agréable ? Pourtant, plein de gens disent que les rouquins sentent fort, on m'a même dit une fois que je puais.”

“ C'est des imbéciles. Ou alors c'est peut-être parce que tu ne les a pas laissé te sentir d'assez près.”

“ Ou bien c'est peut-être que tu es vraiment tordu.”

“ Tiens, touche, et dis-moi si c'est tordu.”

“ Je ne parlais pas de ça, je parlais de ton esprit pervers.”

“ Je suis pas pervers, je t'aime. Remarque... quand on y pense, c'est peut-être pas très bon signe. Et moi, tu trouves aussi que je pue ?”

“ Toi, ça n'est pas pareil. Toi, tu es mon Ambar à moi, et ta sueur est une rosée céleste.”

“ Te fatigue pas. Moi aussi je connais les ''Délices'' par cœur.”

“ C'est vrai que tu sens bon. Je me demande...”

“ Oui ?”

“ Ne bouge pas. Je descends vérifier quelque chose.”

“ Alors ?”

“ Ça ne change pas vraiment le goût. Il faudrait sans doute un ou deux jours de plus.”

“ Hé ! Je suis pas un fromage !

“ Mais attends... Là ! Juste là... Au creux de l'aine. Tu sens un peu comme un arbuste de chez moi, le buis.”

“ Je suis bien content, mais tu n'as pas l'intention de te contenter de renifler, hein ?”

“ Ah ! Je ne sais pas. Maintenant que tu m'as converti... Mais si tu me montres ce que tu voudrais que je fasse, je pourrai peut-être faire un effort.”

Ambar savait très exactement ce qu'il désirait qu'on lui fît et, plongeant à son tour sous les couvertures, il en fit une démonstration extrêmement informative.


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Comme convenu, Aïn était revenu sur le bateau où l'attendaient cinq garçons, qui meublaient le temps en jouant à la version dvârienne du poker, et un haptir qui s'efforçait de ne pas trop aider Dillik sur les genoux duquel il était lové. Le Passeur était apparu en toute discrétion sur le roof et avait immédiatement négocié, à reculons, les marches incommodes de l'échelle de descente du carré. Après l'avoir dûment informé du succès de leur entreprise, Julien aborda le sujet qui lui tenait vraiment à cœur et lui rapporta sa conversation avec le Neh kyong.

“ J'ai entendu parler de ce genre de chose, commenta le Passeur, mais je ne connais personne qui sache vraiment de quoi il s'agit. Peut-être Maître Subadar pourra-t-il vous en dire plus. En tout cas, je ne crois pas qu'il s'agisse d'une pratique licite des Arts Majeurs. Et je ne connais non plus aucun moyen de vérifier si ce que vous a dit ce Neh kyong est exact.

“ Je ne pense pas que Tchenn Ril cherchait à me tromper. Mais vous avez raison, je demanderai à Maître Subadar. Et s'il est d'accord, j'espère que vous voudrez bien continuer à m'apprendre l'Art de Voyager.

“ Je suis à votre disposition, naturellement, mais...

“ Je sais, notre dernière leçon a un peu mal tourné et votre pelage n'a pas encore retrouvé tout son éclat, mais j'ai vraiment confiance en vous et Yol m'a dit que je ne pouvais pas choisir un meilleur professeur. Et à propos, comment va-t-il ?

“ Yol va très bien. Il vous envoie son salut et vous recommande la prudence. Vos Nobles Parents aussi, vous... Heu... ils vous embrassent et il espèrent que vous passez de bonnes vacances. Si je puis me permettre, leurs progrès en Tünnkeh sont étonnants.

“ Je voudrais maintenant que vous m'emmeniez auprès de Sire Tahlil, si vous savez où il se trouve.

“ Il supervise les préparatifs de la construction de son trankenn au chantier de Dak Manarang. Mais il n'est peut-être pas utile que vous vous déplaciez. Je peux me charger d'un message.

“ Aïn, je vous remercie,mais il n'est pas question que je continue à me terrer dans mon coin si je peux vraiment voyager librement. Niil, continua-t-il à haute voix, je dois aller rendre visite à Sire Tahlil.”

“ Je viens avec toi ! Tu ne peux pas me laisser ici !”

“ Je n'en avais pas l'intention. La politique de Dvârinn te concerne directement, même si tu prétends être hors de course. J'emmène aussi Xarax s'il peut quitter les genoux de Dillik un petit moment. Karik, Ambar et Dillik vont garder la boutique. Et, Ambar, ne fais pas cette tête-là, nous serons revenus avant ce soir. Je te promets de ne pas quitter le R'hinz, cette fois.”

“ Ne plaisante pas avec ça.”

“ Non, tu as raison, c'est de mauvais goût. Maître Aïn va d'abord s'assurer que Sire Tahlil est bien là où on le pense, et puis il reviendra nous chercher immédiatement.”

Aïn fit alors une discrète, mais magistrale démonstration de sa virtuosité en disparaissant sous leurs yeux, sans l'aide du moindre klirk, avec tout juste un bruit de papier froissé.

“ Ben, ça alors !”

Karik ouvrait des yeux comme des soucoupes.

“ C'est le meilleurs de tous les Passeurs. Il paraît que même les plus vieux le reconnaissent, même s'ils en sont plutôt jaloux.”

“ Mais comment ça se fait que je n'arrive pas à me rappeler de quoi il a l'air, Aïn ? S'étonna Ambar.”

“ C'est leur privilège. Ils effacent le souvenir de leur apparence dans l'esprit des humains.”

“ Mais comment ils font ? Pour leur parler, aux passeurs, il faut les toucher, comme avec Xarax. Lui, il ne m'a même pas approché.”

“ Tu as raison. Je ne sais pas. Je lui demanderai, mais même s'il me le dit, ça m'étonnerait qu'il m'autorise à te le répéter. C'est sans doute un secret de sa Guilde. Mais il n'a pas non plus besoin de te toucher quand il te fait voyager. Il lui suffit d'être assez près de toi.”

“ Mais toi, tu peux te souvenir de quoi il a l'air ?”

“ Oui, mais je n'en parle à personne. Tout le monde a droit à ses petits secrets.”

“ C'est quand même drôlement bizarre. Quand il est là, je sais pas comment c'est pour vous, mais moi je ne pense même pas que je ne sais pas de quoi il a l'air quand il est parti.”

“ Et Aïn m'a dit que tous ceux qui ont essayé de dessiner un passeur, même quand il est avec eux, en ont été incapables. Ils dessinent, et il voient nettement leur dessin sur la feuille, mais une fois le passeur parti, ils découvrent que leur dessin n'est en fait qu'un gribouillis sans signification.”

Des bruits au-dessus de leurs têtes leur signalèrent le retour d'Aïn qui ne tarda pas à descendre maladroitement l'échelle du carré.

“ Le Noble Sire Tahlil, vous attend au chantier de Dak Manarang, Sire.

“ Niil, nous partons tout-de-suite. Vous trois, soyez sages en nous attendant.”


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Le chantier de Dak Manarang était l'un des principaux chantiers navals de l'hémisphère sud où se situait aussi le domaine de Sire Tahlil. Le passage d'un début de printemps glacial à une fin d'été tropical avait quelque chose d'un peu brutal, sans être désagréable, et les deux garçons se retrouvèrent bientôt en manches de chemise avec une furieuse envie de se débarrasser de leurs pantalons de gros drap. Le klirk commercial où ils étaient arrivés se trouvait dans un entrepôt d'où tout le personnel avait été momentanément prié de sortir, le temps pour Sire Tahlil de les accueillir et de les guider vers le kang qu'il occupait lorsque sa présence était requise, alors que Xarax s'éclipsait discrètement.

“ Sire, je suis heureux de vous voir. Permettez-moi de vous présenter mon aîné, Tengtehal.”

Un garçon d'une quinzaine d'années vêtu d'une simple cotte de charpentier, aussi brun que son père et qui dominait Julien d'une bonne tête, s'approcha et s'inclina.

“ Votre Seigneurie, permettez-moi de présenter mes remerciements pour l'honneur fait à ma Famille.”

“ Noble Fils, vous m'obligeriez en me traitant comme le font ceux qui me sont proches. Appelez-moi Julien, ou Sire, si vous y tenez vraiment. De toute façon, en public, Julien suffira. Je ne tiens pas à ce qu'on clame partout que l'Empereur est en visite sur Dvârinn. Vous avez sans doute remarqué que je ne porte pas de Marques.”

“ Oui, Sire.”

“ Je voudrais aussi vous présenter Sire Niil, des Ksantiris, qui m'accompagne en tant que Conseiller. Il paraît que ses frères n'ont pas une excellente réputation, mais je puis vous garantir que Niil ne leur ressemble en rien et qu'il a toute ma confiance.”

Le garçon ne répondit rien, se contentant de s'incliner légèrement. Julien s'adressa de nouveau à son père.

“ Tahlil, je suis venu vous demander un service.”

“ Je suis entièrement à votre disposition.”

“ Comme je vous l'avais promis, je me suis occupé de trouver un peu d'argent pour démarrer la compagnie dont nous avons parlé. Il se trouve que tout ça pèse un poids énorme et occupe un espace considérable. Il serait bon de mettre au plus vite cet encombrant trésor en lieu sûr.”

“ Ce serait prudent, en effet.”

“ J'ai pu convaincre Maître Aïn de faire une entorse aux principes de sa Guilde et il a accepté de transporter tout ça avec quelques uns de ses collègues, mais il m'a rappelé que ce serait enfreindre une des règles fondamentales de sa Guilde...”

“ Ce n'est pas pawce que quewlque chose n'est pas pewmis qu'on ne peut pas le faiwe, si c'est pouw une cause juste.”

La voix étrange du Passeur rappela à tous sa présence.

“ Oui, Maître Aïn. Et vous m'avez rappelé en détail les nombreuses raisons de cette interdiction avant d'admettre que vous pourriez m'aider.”

“ Sire, intervint Tahlil, je suis heureux d'apprendre cette soudaine richesse, mais j'ai du mal à imaginer d'où elle provient.”

“ C'est un cadeau d'adieu de l'ancien Neh kyong de Tchenn Ril. Il n'avait pas l'usage de tout ce métal qui traînait dans la forteresse et il m'a laissé en récupérer une partie.”

“ Vous êtes allé dans la forteresse maudite de Tchenn Ril ?!!!”

“ Elle n'était pas ''maudite'', comme vous dites. Elle était interdite et particulièrement bien gardée. Mais, si vous craignez que tout cet argent soit ensorcelé...”

“ Pardonnez-moi, Sire. C'est la surprise. Bien sûr, vous avez accès à cet endroit. C'est vous-même qui l'avez interdit jadis.”

“ Eh bien, je n'y ai plus accès, maintenant. Le Neh kyong est parti et il a emporté la forteresse avec lui. Du moins, c'est ce qu'il comptait faire quand nous l'avons quitté.”

“ Je vous demande pardon ?”

“ Oui, il est retourné dans son propre monde, ou quel que soit l'endroit d'où il vient, et il a dû emporter la forteresse avec lui. Et c'est tant mieux, parce qu'elle contenait aussi bien des choses malsaines ou dangereuses.

“ Sans doute, et si tous les lieux de ce genre pouvaient disparaître de cette façon, cela éviterait des tentations aux imprudents qui persistent à vouloir les piller.

“ On va y réfléchir. En attendant, comment vont vos projets de trankenn ?

“ L'architecte m'a proposé un plan, mais c'est une chose énorme. Je crois que je ne me sentirais pas à l'aise sur un tel monstre. Après tout, rien ne dit que le Miroir de l'Empereur doive forcément naviguer sur le plus gros navire. Aldegard, que je sache, n'habite pas la plus haute tour d'Aleth. Sans vouloir vous manquer de respect, Sire, je trouve que tout ça ressemble beaucoup aux concours des petits garçons qui mesurent leur sang neh.”

“ C'est vrai. Quoique, maintenant que vous m'y faites penser, il y a un moment que je n'ai pas mesuré le mien.”

Après une seconde de silence interloqué, Tahlil partit d'un grand éclat de rire alors que son fils s'efforçait en vain de ne pas rougir.

“ Alors, reprit Julien, que suggérez-vous ?”

“ Eh bien j'aimerais un trankenn rapide et fin, c'est à dire, qui remonte vraiment bien dans le vent, et capable de battre à la course les monstruosités qui ont actuellement la faveur des riches et puissants. Il serait peut-être un peu moins confortable par très gros temps, mais j'aurais l'avantage sur à peu près n'importe quoi qui s'aviserait de chercher à m'échapper ou à m'arraisonner. Dans l'ensemble, cela coûterait beaucoup moins cher et, bien dirigé, il me permettrait de forcer le respect de ceux que ma nomination dérange. La seule chose qui me fait hésiter, c'est que les autres membres du Conseil des Miroirs semblent penser qu'il vaudrait mieux ne rien changer et continuer dans le sens de la tradition qui veut que le plus fort soit aussi celui qui possède le trankenn le plus gros.”

“ Tahlil, vous n'avez pas été choisi simplement pour maintenir une tradition. Du moins, ça n'est pas comme ça que je le vois. Vous allez devoir vous tailler votre propre place contre des gens qui se croient plus forts et meilleurs que vous. Vous êtes libre de choisir vos moyens. Faites comme vous l'entendez et prévenez-moi si jamais on essaie de vous en empêcher. Moi aussi, on voudrait que je respecte la tradition et j'ai parfois dû taper du poing sur la table pour qu'on me laisse faire à mon idée. De plus, la majeure partie du financement de ce trankenn provient de ma Cassette et je pense même qu'elle permettrait de tout couvrir si nécessaire. Alors, ne vous laissez pas intimider. Par contre, il n'est pas question de toucher à ce que nous avons récupéré à Tchenn Ril pour autre chose que ce dont nous avons parlé.”

“ Je ne peux pas promettre que l'idée ne m'en viendra pas à un moment où à un autre, Sire, mais je peux vous promettre que je ne le permettrai pas.”

À cet instant, après un coup discret à la porte, un Garde Rent'halik annonça qu'un Honorable Maître Tannder demandait à être reçu. Trente secondes plus tard, il faisait son entrée et s'inclinait devant Julien avant de saluer le reste de la compagnie.

“ Sire, je dois m'entretenir un moment en privé avec vous.”

Sur un signe de Tahlil, tout le monde se retira, les laissant apparemment seuls, bien que Julien fût absolument certain que Xarax veillait, dissimulé dans un recoin de la pièce.

“ Sire, je viens d'avoir la confirmation de ce que nous soupçonnions : Sire Ylavan a bien été assassiné et le meurtre a bien été commandité par Sire Nandak.”

Julien ressentit comme un vide au creux de l'estomac. Il avait gardé, contre toute probabilité, l'espoir ténu qu'on trouverait un autre coupable.

“ Je ne vous demande pas si vous en êtes absolument certain et si vous en avez la preuve incontestable. Vous ne seriez pas ici si ce n'était pas le cas.”

“ En effet, Sire.”

“ Puisqu'il s'agit de l'assassinat d'un de mes Miroirs, je suppose que je vais devoir assister au procès. Mais ce n'est pas ça qui m'inquiète. Niil va certainement vouloir exercer son droit de rétribution. Comment est-ce que ça se passe, dans un cas comme celui-ci ?”

“ Il a le choix entre le faire envoyer sur Tandil, ce qui serait le plus sage, ou l'affronter en combat singulier. Il aurait alors le choix du terrain et des armes. S'il était encore mineur, il pourrait se faire représenter par un champion, et je l'aurais fait volontiers, mais il a été émancipé. Techniquement, il est majeur et, s'il choisit de se battre, il devra le faire lui-même.”

“ Et qu'est-ce qui se passerait, s'il était vaincu ?”

“ Son jeune frère pourrait exiger de prendre la suite et je me ferais un plaisir de le représenter en tant que son tuteur. Et je peux vous assurer que Nandak n'aurait pas la moindre chance.”

“ Et quelles sont les chances de Niil ?”

“ Vous l'avez vu comme moi à l'entraînement. Il est très bon. Mais Nandak a toujours été un combattant vicieux. Il s'est toujours moqué des règles et se bat très efficacement. Il est redoutable.”

“ Il n'y a pas un moyen d'empêcher ça ?”

“ Vous ne pouvez pas intervenir. C'est une affaire d'honneur à l'intérieur d'une Famille.”

“ Niil est mon Conseiller, je pourrais lui interdire de se battre.”

“ Non, Sire. Et je ne vous conseille pas d'essayer de l'en empêcher s'il le désire. Il a avant tout besoin du soutien de ses amis. Une querelle avec vous n'arrangerait rien. Bien sûr, Nandak pourrait être victime d'un accident, mais Niil ne nous pardonnerait jamais de l'avoir privé de l'occasion de venger son père. De toute façon, je doute que l'assassinat fasse partie de vos méthodes, même si c'est pour une cause honorable.”

“ De plus, si je comprends bien, même si Niil est vainqueur, ça nous laisse avec un problème majeur : cet imbécile malfaisant de Nekal devient le Premier Sire des Ksantiri.”

“ Oui, à moins que Dame Axelia ne revendique le titre qui lui revient de droit, ce qui serait, dans les circonstances présentes, pour le moins suicidaire. Évidemment, le Conseil Universel des Premiers Sires pourrait théoriquement décider de destituer Nekal et d'adouber Niil à sa place, mais je doute qu'il le fasse, il faut une majorité de quatre-vingt pour cent et quelques uns de ses membres ont trop à craindre que ce genre de solution ne vienne s'appliquer à leur propre cas.”

“ Vous avez raison. Peut-être qu'Aldegard aura une solution à nous proposer. Dans ces conditions, je pense que le mieux est d'écourter nos vacances et de rentrer à Aleth aujourd'hui-même.”

“ Cela me semble sage, en effet.”


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