Chapitre 72


Petit entretien privé



“ Pourquoi est-ce que tu m'as fait ça ?”

C'étaient les premiers mots que prononçait Niil depuis qu'ils avaient quitté la salle du procès pour le clos mis à leur disposition sur le trankenn de Tahlil.

“ Pardonne-moi. Il n'y avait pas d'autre solution.”

“ Tu savais depuis longtemps, pour mon frère ?”

“ Oui, Aldegard me l'a dit quand on est arrivés à Aleth. Et ne t'en prends pas à lui, c'est moi qui ai eu l'idée d'attendre qu'il soit dans cet état pour ouvrir le procès. C'était le seul moyen de t'empêcher de te battre. Ou alors, il aurait fallu que Xarax se charge ''d'abréger ses souffrances'' et ça aurait entraîné des tas de questions et de complications. Je ne pouvais pas te laisser risquer ta vie de cette façon.”

“ Tu m'as menti ! Tu m'as trahi !”

“ Je ne t'ai pas trahi. Je ne t'ai pas menti non plus, même si je t'ai caché certaines choses. C'était nécessaire, pour ta Famille, bien sûr, mais surtout, je ne voulais pas te perdre.”

“ Tu ne m'as même pas prévenu avant le procès. J'ai eu l'air d'un imbécile !”

“ C'est exprès. Comme ça, personne ne pourra penser que tu étais de mèche avec moi. Que tu m'as demandé d'attendre pour ne pas avoir à venger ton père.”

“ Parce que tu t'imagines qu'ils vont se priver de le penser, ou même de le dire ?”

“ Je n'en sais rien, mais tu pourras jurer que tu as tout découvert en même temps que toute l'Assemblée.”

“ Tu sais très bien que je n'ai aucune envie d'être Premier Sire, et pourtant tu m'as carrément mis dans une position où je ne pouvais pas refuser. Je ne te le pardonnerai jamais !”

“ Niil, je suis dans une position bien pire que la tienne. Je suis obligé de faire ce qui est nécessaire pour Dvârinn. Tu crois que j'y prends plaisir ? Qu'est-ce que tu crois qu'il se serait passé si je ne t'avais pas pratiquement installé à la tête des Ksantiris ?”

“ Votre Seigneurie va me l'apprendre.”

Le ton délibérément blessant, l'ironie venimeuse de ces quelques mots faillit bien pousser Julien à laisser libre cours à sa colère. Il ferma les yeux quelques secondes pour se donner le temps de retrouver une respiration qui lui permettrait de parler sans que sa voix ne tremble.

“ Il se serait passé, Noble Sire que, puisque vous n'avez pas d'oncles, tous vos arrière-cousins jusqu'au trente-sixième degré auraient intrigué et se seraient probablement joyeusement entre-tués pour occuper la place que vous auriez laissée vide. Tu sais très bien que chacun aurait formé son clan bien à lui et on aurait eu une succession de vilaines petites guerres ! Tu connais l'histoire de Dvârinn mieux que moi. Que des imbéciles ambitieux se bouffent entre eux, je n'en ai strictement rien à foutre. Qu'ils crèvent ! Mais ceux qui souffrent vraiment, dans ce genre de situation, c'est les petites gens et les pauvres couillons qu'on enrôle pour se taper dessus. C'est ça, que tu voudrais, pour ton peuple ? Maintenant, tu es le Premier Sire, que ça leur plaise ou non, et ils sont prévenus que c'est parce que je l'ai moi-même exigé. Ils se souviendront aussi du Rite de Confiance, et ça les retiendra de s'en prendre directement à toi. Niil des Ksantiris, c'est toi qui m'as appris ce qu'était le sens de l'honneur dans les Neuf Mondes. Je ne peux pas croire que tu vas me tourner le dos parce que je t'oblige à être ce que tu prétends.”

“ De quel droit est-ce que tu m'obliges ?! Du droit de l'Empereur ?! D'accord ! Je t'obéis, mais ne me demande pas d'aimer ça. Puisqu'on parle d'honneur et de devoir, justement, j'obéis à Yulmir parce que c'est mon devoir et que je respecte l'Empereur. Mais ne viens pas me dire qu'en plus de ça, tu veux être Julien quand ça t'arrange parce que tu as besoin d'un ami.”

“ Mais je suis les deux ! Je n'y peux rien ! Je n'ai pas choisi d'être là où je me retrouve. Si je pouvais ne pas être Yulmir, crois-moi, je n'hésiterais pas une seconde.”

“ Moi non plus, je n'ai pas choisi ! Je te signale que c'est toi, et personne d'autre, qui viens de me mettre là où je me trouve ! Tu es Yulmir, je t'obéis, que ça me plaise ou non. La situation est claire. Tu n'as pas le droit de me demander autre chose. À partir de maintenant, il faudra que Votre Seigneurie se souvienne que le Premier Sire des Ksantiris a autre chose à faire que lui tenir compagnie quand Elle se sent seule.”

“ Niil !”

“ Votre Seigneurie ?”

“ Je comprends que tu sois furieux d'avoir été manipulé. Mais tu ne peux pas me faire une chose pareille !”

Niil se taisait. Il gardait un visage de marbre. Ses yeux n'exprimaient rien. Le Niil que julien pensait si bien connaître, l'ami sur lequel il s'était toujours appuyé, sans même en avoir conscience, depuis le début de cette incroyable aventure avait disparu.

“ Niil, ne me laisse pas tomber. J'ai besoin de toi. Je suis tout seul. Xarax m'aide, Tannder, Aldegard, Maître Subadar, Aïn, tout ça, c'est bien, ils m'aident autant qu'ils peuvent. Il y a aussi Ambar qui... Mais ça n'est pas pareil. Tu es le seul qui soit vraiment...”

“ Si Votre Seigneurie veut dire que je suis le seul sur lequel elle peut s'essuyer les pieds sans craindre les conséquences, Elle a raison, Elle vient de le prouver. Mais si Votre Seigneurie s'imagine que je vais rester auprès d'Elle pour qu'Elle continue à le faire, Elle se trompe. Si tant est, bien sûr, que l'infaillible Yulmir puisse être dans l'erreur. Quant à mon frère, sa place est dans sa Famille, où il recevra l'éducation qu'il est en droit d'attendre. À moins, bien sûr, qu'un Édit Impérial n'exige sa présence dans le lit de Votre Seigneurie.”

Julien ressentit ces derniers mots et le mépris qu'ils exprimaient comme un coup à l'estomac. En une seconde, cet amour qu'il vivait avec Ambar se trouvait totalement avili. S'il était possible que qui que ce soit puisse voir sous ces couleurs hideuses le lien qui les unissait, alors Julien préférait que ce lien ne soit plus. Qu'il n'ait jamais été. Et que Niil, qui le connaissait mieux que personne, ose suggérer qu'il considérait Ambar comme un garçon qu'on emmène pour une heure dans une auberge, donnait la mesure de sa rage. Julien voyait confusément qu'ils pénétraient tous deux dans cette zone où la raison n'a plus sa place, où seul subsiste une sorte de plaisir pervers à détruire l'autre pour se détruire soi-même, mais il était incapable de résister à cette lame de fond qui les emportait.

“ Niil des Ksantiris, votre rang et vos fonctions exigent votre présence permanente sur Dvârinn. Je vous relève donc de votre charge de Conseiller Privé afin de vous laisser libre de vous consacrer entièrement aux affaires de votre Maison. Quant à votre jeune frère, vous avez raison, sa place est auprès des siens, qui lui donneront toute l'affection dont il a besoin en même temps qu'une éducation digne de son nom. Je vais quitter Dvârinn dans un moment, je vous souhaite un bon retour à Ksantir. Vous transmettrez à votre mère mon salut respectueux et direz à votre frère que je regrette que mon emploi du temps ne me permette pas de lui faire mes adieux. Je ne vous retiens pas.”


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Chapitre 73


Les noires cavales de la nuit


La Chambre du conseil Restreint d'Aldegard offrait à la fois l'isolement et le sobre confort nécessaires à la prise de décisions souvent capitales. La vaste table basse qui permettait d'étaler au besoin d'imposants dossiers était entourée de sièges confortables qui auraient immédiatement évoqué à un Anglais un club cossu et distingué. Julien s'y trouvait en compagnie d'Aldegard, Tahlil, Tannder et Maître Subadar. Xarax, accroché à une corniche, surveillait la salle et ne perdait pas une syllabe de ce qui se disait.

“ Messieurs, commença Aldegard, nous avons un problème urgent. Il faut éliminer au plus vite cette menace qu'est l'entrepôt découvert par Nandak. L'enfouir ne servirait à rien. Tôt ou tard, un imbécile irait le déterrer. Je pense que la seule chose à faire, hélas, est de s'assurer la collaboration d'un Neh kyong. Et cela, comme nous le savons tous, ne peut être obtenu que par l'Empereur, ici présent.”

“ Et l'Empereur, intervint Julien, vous rappelle qu'il n'a pas la moindre idée de la façon de s'y prendre. Lorsque j'ai rencontré Tchenn Ril, c'est lui qui est venu à ma rencontre.”

“ Sans doute, mais Maître Subadar connaît la façon de procéder et il est à même de vous l'enseigner.”

“ Dans ce cas, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux que Maître Subadar se charge de toute l'affaire ?”

“ C'est impossible, Sire.”

“ J'étais sûr que vous me diriez ça.”

“ Maître Subadar a le Savoir, certes, il a aussi le Don et le Pouvoir, mais il n'a pas la Légitimité.”

Julien soupira.

“ Et je suppose que je l'ai, moi, cette Légitimité.”

“ Oui, Sire. C'est elle qui vous permet de conclure un pacte au nom du R'hinz tout entier.”

“ Et bien-sûr je ne peux pas signer une procuration à Maître Subadar.”

“ Non, Sire, une telle....”

“ Je plaisantais, Aldegard.”

En fait, le visage de Julien depuis son retour, deux heures auparavant, ne laissait pas soupçonner qu'il pût se livrer à la moindre plaisanterie. Chacun, autour de lui, pouvait percevoir clairement que quelque chose n'allait pas. Xarax avait assisté, impuissant, à la dispute, mais il était hors de question qu'il commette l'indiscrétion impardonnable d'en informer qui que ce fût. Il avait aussi soigneusement évité d'évoquer le sujet avec Julien durant les quelques minutes qu'ils avaient passées ensemble dans l'intimité de son clos, alors qu'il quittait ses vêtements de cérémonie pour l'abba ordinaire qu'il portait habituellement dans la Tour des Bakhtars.

“ Maître Subadar, je cois que le mieux est de s'y mettre le plus tôt possible.”

“ Certes, Sire. Nous pourrons commencer dès demain. Et pendant que je vous aiderai à retrouver la mémoire des procédés à mettre en œuvre pour appeler un Neh kyong, Sire Tahlil et Maître Tannder pourront faire sur Dvârinn les préparatifs nécessaires.”

“ Les préparatifs ?”

“ Oui Sire, intervint Tannder, l'entrepôt se trouve dans les montagnes entre Ksantir et Kardenang. C'est un endroit presque inaccessible par terre et il faut un volebulle pour s'y rendre. De plus, l'accord formel du Premier Sire des Ksantiris est indispensable pour autoriser un Neh kyong à prendre ainsi totalement possession d'une partie de son territoire.”

“ Sire Tahlil, je pense que c'est vous qui vous occuperez d'obtenir cet accord ?”

“ Oui Sire. Mais je ne crois pas que Sire Niil s'y oppose le moins du monde.”

“ Non, bien-entendu. Mais je vous suggère d'attendre à demain. Il faut lui laisser le temps de se remettre du choc du procès et de s'habituer à l'idée de ses nouvelles responsabilités.”


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Le clos paraissait étrangement vide. Seul Dillik demeurait avec Julien et il était fort heureusement trop absorbé par son étrange relation avec Xarax pour remarquer vraiment l'humeur morose de Julien. Le carillon annonçant un visiteur égrena ses quelques notes et Karik entra, poussant le chariot du repas du soir. Normalement, c'était le personnel de la Tour qui assurait ce genre de service et, en réponse au regard intrigué de Julien, Karik eut un sourire d'excuse :

“ Maître Tannder s'en va sur Dvârinn. Il m'a dit que je pourrais peut-être te tenir compagnie pour le repas, si tu veux bien.”

Julien n'avait guère envie de compagnie. Il avait plutôt envie de ruminer son malheur. Mais il était bien élevé et une tendance naturelle à se soucier d'autrui l'obligeait à éviter de froisser les gens.

“ Merci. Je serai ravi que tu restes un peu. Je suis pratiquement tout seul. Dillik ne compte pas. En ce moment il est constamment branché avec Xarax. Je ne sais pas ce qu'ils se racontent, mais ça doit être passionnant.”

La voix de Dillik leur parvint depuis la pièce voisine :

“ Xarax m'apprend à jouer aux territoires, dans ma tête. Enfin, dans la sienne... Ou plutôt, dans la nôtre... de toute façon, oui, c'est passionnant. Mais si tu veux, je peux aussi venir te tenir compagnie.”

Julien ne put s'empêcher de sourire.

“ Non, non ! Je réfléchissais. Et maintenant, Karik est avec moi. Mais si tu as faim, il va falloir que tu nous aides à dresser la table.”

Dillik arriva, suivi d'un Xarax rutilant qui copiait par jeu les dessins du tapis au fur-et-à-mesure de son ondulante progression. L'amitié du gamin lui faisait visiblement le plus grand bien.

“ Ça fait bizarre, hein, que Niil et Ambar soient plus là.

“ On s'habituera, tu verras.”

“ Ils vont pas revenir avec nous ?”

“ Tu sais, Niil est Premier Sire des Ksantiris maintenant. Il a beaucoup de travail.”

“ Toi aussi t'as beaucoup de travail. Ça t'empêche pas d'être ici la plupart du temps pour dormir. Je suis sûr que si tu lui demandait, Aïn il arrangerait quelque chose avec ses amis pour que Niil et Ambar ils puissent revenir quand ils voudraient. Ce serait bien. Et puis comme ça, Ambar, il pourrait continuer a étudier avec nous. Je suis sûr qu'il a pas envie de changer de précepteur. Maître Tannder, il est sévère, mais on l'aime bien. Toi aussi, tu l'aimes bien. Hein, Karik ?”

“ C'est vrai, je l'aime beaucoup. Mais tu devrais manger, au lieu de faire du vent avec ta bouche. Je suis sûr que Niil et Julien ont déjà réfléchi à tout ça. Il faut un peu de temps pour mettre les choses en place.”

Apparemment, Karik se doutait de quelque chose. Il n'avait pas, lui, Xarax pour le distraire. Comme le repas s'achevait, il s'adressa à Julien :

“ Ça t'ennuierait que je dorme avec toi, ce soir ? Je ne veux pas t'ennuyer, mais je me sens un peu seul.”

Julien était un peu surpris. Jamais Karik n'avait fait ce genre de demande. En général, il partageait le lit de Niil et il attendait toujours d'être expressément invité à le faire. Quant à Dillik, il avait pris l'habitude de s'endormir avec Xarax et ne partageait le lit des autres que lorsqu'il se réveillait au milieu de la nuit ou bien pour un chahut occasionnel du matin. Aussi, Julien s'était préparé à une nuit solitaire. Il n'avait d'ailleurs aucune envie de chercher à se consoler de l'absence d'Ambar dans d'autres bras, fussent-ils ceux d'un ami sincère, et il allait repousser la demande lorsque Karik insista :

“ S'il te plaît. Je ne t'embêterai pas, c'est juste que je ne veux pas dormir tout seul.”

Julien pouvait comprendre. Il céda :

“ Bien sûr, tu peux dormir avec moi si tu veux. Je serai heureux de ta compagnie.”


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Plus fatigué qu'il ne le pensait par toutes les émotions de la journée, Niil s'endormit aussitôt couché. L'angoisse le rattrapa lorsqu'il s'éveilla d'un rêve confus et certainement désagréable alors que l'aube était encore très loin. Avant même de réaliser qu'il était dans son lit, il fut immédiatement submergé par une vague d'un désespoir tel qu'il n'en avait jamais connu. La perte brutale de l'amitié de Niil, la séparation définitive d'avec Ambar, l'absurdité de cette vie dans un monde qui n'était même pas le sien, la conscience aiguë de ne pas être ce que tout le monde voulait à tout prix qu'il soit, tout cela formait un immense gâchis impossible à réparer, impossible à vivre. Jamais, dans sa courte existence, il n'avait été confronté à une perte aussi totale. Le pire était qu'il ne pouvait en blâmer personne. Si Niil l'avait rejeté, c'était uniquement sa faute. Il n'avait jamais eu un tel ami auparavant, et tout ce qu'il avait trouvé à faire, c'était de jouer à l'Empereur pour lui infliger un sort qu'il détestait. Et, de surcroît, il avait perdu Ambar, qui était encore tout autre chose, et dont la disparition laissait dans son esprit comme une plaie béante.

Là, à cette heure du creux de la nuit où la raison n'a plus sa place, privé de toute défense, il subit de plein fouet l'assaut violent des démons tapis au plus profond de l'esprit des hommes et qui, dans les ténèbres, les privent encore des lumières de l'âme. Qui donc résiste à leur souffle noir ?

Il se leva sans bruit, attentif à ne pas déranger Karik qui dormait sur le dos, étalé au-dessus du drap bras et jambes écartés comme pour s'offrir à la caresse de l'air encore tiède de la nuit d'été. Sans un regard pour la forme pâle qu'on distinguait vaguement, Julien s'en fut jusqu'au balcon de la pièce principale et s'accouda à la rambarde. Les tours d'Aleth luisaient doucement, certaines toutes proches, d'autres à des kilomètres de distance, chacune déployant ses nuances propres qui changeaient imperceptiblement en harmonie avec ses voisines. Mais ce spectacle qu'il avait appris à aimer le laissait vide de toute réaction. Seul lui parlait ce vide vertigineux qui le séparait des dalles de granit de l'esplanade qui ceignait la tour à sa base. Il lui parlait sans bruit et sans paroles, lui promettant l'oubli bienheureux du néant. Ce grand saut indolore et facile était le seul moyen d'échapper à la souffrance d'une vie sans but, peuplée seulement d'absence et de solitude. Le seul moyen d'échapper à la honte d'avoir agi ''pour le bien de Dvârinn'', parce qu'on le lui avait conseillé, sans s'interroger sur son droit à régir le destin de ceux qu'il prétendait aimer. Il avait mal agi. Il s'était pris pour l'Empereur et il avait fait du mal autour de lui. Et s'il recommençait, il ne pouvait que faire du mal, toujours. Parce qu'il était aveugle. Parce que personne...

“ Julien ?” Le bras de Karik enserrait fermement sa taille. “ Descends de là, fais attention.”

Il s'aperçut qu'il était en fait assis sur la large rambarde du balcon, ses pieds pendant au-dessus de l'abîme, dans la posture de celui qui s'apprête à se laisser glisser sans bruit dans l'eau d'un bassin. Son visage ruisselait de larmes.

“ Viens, moi aussi j'ai trop chaud, on va prendre une douche et puis on se recouchera. Tu veux bien ?”

Il se laissa baigner, rafraîchir et sécher par un Karik qui eut la délicatesse de ne pas l'importuner de questions embarrassantes. Puis ils regagnèrent leur lit et Julien ne protesta pas lorsque son compagnon l'attira vers lui afin qu'il puisse se blottir contre lui et s'endormir dans la certitude de cette tendresse discrète et sans exigences.


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