Chapitre 33


Mise au point


Au matin, Julien n'était guère d'humeur à folâtrer. Il était si visiblement préoccupé que même Ambar ne tenta pas de l'entraîner dans des ébats sous la douche. Le petit déjeuner n'était pas vraiment sinistre, mais l'ambiance n'était pas à la franche rigolade. Julien se tourna vers Tannder, qu'il avait invité à partager leur repas.

“Alors, Sire Aldegard va venir ici tout à l'heure ?

“Oui sire.

“Et vous savez ce qu'il me veut ?

“Pas exactement. Je pense qu'il veut commencer à mettre au point un programme qui vous permettra d'apprendre ce qui vous est indispensable. Et...

Il fut interrompu par le carillon suave qui indiquait qu'un visiteur se préparait à entrer. Le Premier Sire était seul. Il salua Julien d'une légère inclination du buste alors que ce dernier se levait pour l'accueillir.

“Bonjour Aldegard. Merci de nous rendre visite. Mais vous devez être très occupé. Nous aurions pu nous déplacer.

“Sans doute, Sire. Mais il est préférable de limiter au strict minimum vos déplacements tant que votre sécurité est menacée.

“Je pensais qu'ici, dans la Tour...

“Bien sûr, Sire, la Maison Première des Bakhtars est un endroit aussi sûr qu'il est possible, mais un excès de précaution n'est pas vraiment néfaste.

“Je vois. Et qu'est-ce qui nous vaut le plaisir de votre visite?

“Il me semble qu'un certain nombre de décisions urgentes doivent être prises. Je suis ici pour en discuter avec Votre Seigneurie.

“S'il vous plaît, Aldegard, ne recommencez pas. Oubliez les titres à rallonge quand on est en privé.

“Oui, Sire. Donc, tout d'abord, je voudrais féliciter Le Noble Fils Niil, des Ksantiris pour sa nomination à votre Conseil Privé. Je voudrais lui rappeler qu'il se trouve de ce fait émancipé et amené immédiatement à la majorité, avec les charges et privilèges qui y sont attachés. Il convient donc qu'il soit appelé dorénavant Noble Sire et non plus Noble Fils.

Niil s'inclina avec toute la dignité qui seyait à son nouvel état, et se garda de tout commentaire.

“Le deuxième sujet qui m'amène, poursuivit Aldegard, concerne le Noble Fils Ambar, des Ksantiris.

Ce dernier, qui se faisait tout petit sur son siège, pâlit visiblement. Il était rarement bon de faire l'objet d'une conversation entre adultes, surtout quand ceux-ci étaient aussi formidablement puissants.

“En tant que Noble Fils, il est indispensable qu'il reçoive au plus tôt une éducation adaptée à son rang. Il convient donc qu'il parte immédiatement sur Dvârinn pour être pris en charge par un précepteur désigné par le Noble Sire Ylavan.

Le mauvais pressentiment d'Ambar venait de se confirmer à une vitesse foudroyante. Le gamin sentit que son univers basculait de nouveau et il était incapable de dissimuler son désarroi.

“J'ai donc pris des dispositions, poursuivit le Premier Sire, pour qu'un Passeur lui fasse faire le voyage dès demain et...

“Pardonnez-moi, intervint Julien, mais j'aimerais d'abord en discuter un peu.

“Oui Sire.

Aldegard avait beau être un habile diplomate, il ne put entièrement dissimuler son agacement à se voir ainsi contesté dans son autorité.

“Voyez-vous, il se trouve que je suis personnellement redevable à Ambar. Si je suis ici, devant mon petit déjeuner, c'est aussi grâce à son courage. J'ai essayé d'honorer son Noble Frère en le nommant mon Conseiller. En fait, pour être tout à fait franc, je me suis fait plaisir en l'obligeant à rester près de moi. Il paraît aussi – c'est vous qui me l'avez appris – que j'ai fait un grand honneur aux Ksantiris en étant témoin de la Transmission des Marques d'Ambar. Maintenant, j'aimerais lui montrer ma gratitude d'une manière plus personnelle. Si vous m'y autorisez bien sûr.

On voyait qu'Aldegard n'était pas vraiment enchanté par cette idée, mais il pouvait difficilement refuser au moins d'écouter ce que Julien se proposait de faire.

“Il est évident qu'Ambar n'a aucune envie d'aller sur Dvârinn. Pas de cette façon. Pas pour être séparé d'un frère qu'il vient à peine de trouver... ou même de moi, qui suis son ami. Sans compter que Xarax là-bas, fit-il en désignant le haptir sagement lové sur un coffre à quelques pas de là, Xarax a de l'estime pour lui. Et je crois que Xarax est de bon conseil. Pour finir, je veux dire que moi aussi, j'ai besoin d'eux. Je ne retournerai peut-être jamais chez moi. Alors je pense que la moindre des choses, c'est de ne pas me séparer de mes amis si on peut faire autrement. Et maintenant Aldegard, je vous le demande : est-ce qu'on peut faire autrement ?

Le Premier Sire savait reconnaître les moments où il valait mieux battre en retraite. Il ne tenta même pas d'imposer sa façon de voir.

“Vous avez raison, Sire. Mon souci du bien des Neuf Mondes a parfois tendance à me rendre aveugle aux besoins essentiels des hommes. Nous pourrons désigner ici un Précepteur pour le Noble Fils Ambar. Celui-ci pourrait même être institué Pupille de l'Empereur – le cas s'est déjà présenté – et dépendre uniquement de vous en dehors de ses obligations envers sa Famille. Exactement comme Niil.

Julien s'adressa directement à Ambar :

“Ça te convient, Ambar ?

Ambar se contenta de hocher vigoureusement la tête. Il n'était absolument pas sûr de sa voix.

“Et toi Niil ?

“Je vous remercie en son nom et au mien, Sire. Je crois que je pourrai m'habituer à sa présence.

“Bien, il ne reste plus qu'à lui trouver un précepteur. Peut-être que Tannder pourrait s'occuper de ça. Vous avez d'autres soucis, Aldegard.

“En fait, Sire, j'entrevois une solution qui présenterait de nombreux avantages. L'Honorable Tannder n'est pas, comme vous vous en doutez, un simple majordome. Il est parfaitement qualifié pour éduquer un Noble Fils. S'il acceptait cette charge, et à condition que cela vous agrée, Sire, cela éviterait d'introduire dans votre entourage immédiat une personne qui n'aurait peut-être pas donné autant de preuves de sa loyauté. Il pourrait être attaché à votre Maison en tant que Précepteur Spécial du Pupille de l'Empereur.

“Tannder, qu'en pensez-vous ?

“C'est beaucoup d'honneur, Sire. J'accepte avec reconnaissance.

“Maintenant Sire, il conviendrait de prendre quelques dispositions afin de vous permettre de vous familiariser de nouveau avec notre monde. J'ai pris la liberté d'organiser pour vous une visite cet après-midi à Maître Subadar. C'est le Grand Maître du Cercle des Arts Majeur et certainement le plus à même de vous instruire en ces sciences. J'ai aussi pris la liberté de demander au Collège Central des Maîtres Passeurs de désigner un instructeur pour tenter de voir avec vous ce qu'il convient de faire dans ce domaine. Il pourrait venir vous visiter demain, si cela vous convient.

“J'irai voir Maître Subadar, bien sûr. Mais pour ce qui est du Passeur, je voudrais que ce soit Maître Aïn qui s'occupe de moi.

“Cela peut présenter quelques difficultés. Maître Aïn est actuellement soumis à une enquête à la suite de la malheureuse expérience... Il va certainement être sanctionné.

“Je vous ai déjà dit que je ne leur en veux pas. Et j'ai confiance en Aïn. Dites au Cercle des Passeurs que je regrette beaucoup, mais malgré le grand respect que j'ai pour eux, je refuse de faire quoi que ce soit avec un autre Passeur.

“Mais Sire ! Vous ne pouvez pas imposer votre volonté au Collège des Passeurs !

“Je ne cherche pas à leur imposer ma volonté. Je dis simplement que je suis tout disposé à travailler avec Aïn. S'ils ne veulent pas qu'Aïn travaille avec moi, c'est leur affaire. Et dites-leur bien aussi que je serais désolé qu'on sanctionne par ma faute “insistez bien là-dessus : par ma faute! “d'Honorables Passeurs qui n'ont rien fait d'autre qu'essayer de m'aider à rentrer chez moi. C'est la même chose pour les humains qui les accompagnaient.

“Je transmettrai votre recommandation, Sire. Il faudra aussi que nous parlions de la prochaine réunion avec vos Miroirs, ainsi que de votre installation dans de nouveaux appartements, mais cela peut encore attendre quelques jours. Avec votre permission, je vais me retirer.

“Bien sûr, Aldegard, vous êtes certainement très occupé et je ne voudrais pas vous retarder plus que nécessaire.


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Chapitre 34


Leçon de choses


“Eh bien Tannder, comment est-ce que je m'en tire ?

“Plutôt à votre avantage, Sire. Vous avez obtenu ce que vous souhaitiez sans irriter vraiment le Premier Sire.

“Oui, et si j'ai bien compris, vous êtes maintenant entièrement dépendant de ma Maison. C'est ça ?

“Oui, Sire. Mais cela n'a pas que des avantages. Je ne participerai plus au Conseil du Premier Sire, ce qui aurait pu avoir son utilité de temps à autre. Je pense que le Premier Sire a saisi l'occasion qui se présentait d'éloigner quelqu'un qui ne lui était pas exclusivement dévoué.

“Au moins, comme ça, vous n'aurez pas de problèmes de conscience. Vous êtes de mon côté, c'est clair et net. Enfin... j'espère ?

“Tout à fait, Sire.

“Et je viens aussi de penser à une chose : puisque vous allez être le précepteur d'Ambar, vous pourrez peut-être me faire profiter aussi des leçons que vous allez lui donner.

“Ce n'est pas la façon dont j'envisageais ma charge, mais si vous pensez que cela peut vous être utile de quelque façon, j'en serai très honoré.

Soudain on entendit s'exclamer Ambar, qui furetait dans le clos.

“Oh ! Les ''Délices'' ! Et qu'est-ce qu'il est beau en plus ! Je n'en avais jamais vu un comme ça !

Le regard interrogateur de Julien rencontra le sourire de Tannder.

C'est le livre dont je vous ai parlé hier soir. Je l'ai apporté en pensant qu'il pourrait vous apprendre quelques petites choses sur nos coutumes. Toutes ne sont pas aussi ennuyeuses que le Protocole officiel de la Cour, vous savez. Mais je vais me retirer, moi-aussi, avec votre permission. J'ai quelques dispositions à prendre.

Il y avait manifestement anguille sous roche, cet empressement à s'en aller ne ressemblait pas à Tannder. Mais Julien le congédia avec un sourire :

“Merci Tannder. J'espère que vous trouverez le temps de prendre votre repas du demi-jour avec nous.

“Assurément, Sire.


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Une fois seuls, Niil s'en fut quérir Ambar et, le tenant par la main, se planta devant Julien.

“Julien... Je veux te dire... Tout à l'heure, avec le Premier Sire et tout... je n'ai pas vraiment pu te remercier.

“Eh bien voilà, c'est fait. Et puis, ce que je lui ai dit, que je l'ai fait surtout pour moi, c'est vrai tu sais.

Mais Ambar avait été trop secoué pour maîtriser encore ses émotions, échappant à Niil, il se jeta dans les bras de Julien qui n'eut que le temps de le soulever pour le laisser s'accrocher à lui, les deux jambes autour de sa taille, à la manière touchante et spontanée des petits frères.

Julien avait l'œil humide, Niil n'y voyait plus très clair, et Ambar pleurait à chaudes larmes : ils nageaient dans le bonheur !


Il fallut bien cinq minutes pour qu'Ambar retrouve son calme, et Julien l'aurait volontiers cajolé plus longtemps, mais faute d'un prétexte plausible, il dut se résigner à le poser de nouveau à terre. Il s'ensuivit quelques instants d'un silence un peu embarrassé heureusement vite rompu par Niil :

“Dis donc, Ambar, tout à l'heure tu disais que tu avais trouvé les ''Délices''. Tu veux aller les chercher ? Il faut absolument montrer ça à Julien.

Ambar fila vers un coin de la pièce et revint aussitôt en tenant une boîte rectangulaire ornée de motifs floraux entrelacés et portant une inscription dorée que Julien, à sa grande surprise, put déchiffrer sans difficulté. Décidément, celui qui lui avait donné la connaissance du tünnkeh n'avait pas fait les choses à moitié. Il lut tout haut, pour le plaisir :

“''La Précieuse Guirlande des Délices''. Et c'est un livre ? Quel drôle de titre !

C'est un très vieux livre. Presque aussi vieux que le Grand Livre des Traditions, l'informa Niil.

“Tu l'as lu ?

“Bien sûr ! Et Ambar aussi. Tous les garçons le connaissent.

“Et les filles aussi ?

“Les Filles ont ''Le Jardin Secret des Fleurs Enchantées''.

“Et vous l'avez lu ?

“C'est pour les filles !

Julien se décida à ouvrir la boîte. Elle contenait en fait une très longue bande de papier pliée en accordéon, chaque pli étant une page. Chaque page était ornée d'une illustration luxueuse et de quelques lignes d'un texte manifestement poétique. On voyait immédiatement qu'il s'agissait d'un exemplaire précieux, exécuté à la main par un artiste de génie. Mais ce qui coupa le souffle à Julien fut la nature même des miniatures. Il était certain que ses propres parents ne lui auraient jamais fait un tel cadeau !


La première image montrait, au bord d'un étang où voguaient des oiseaux aquatiques au plumage bariolé, un petit garçon, de cinq ou six ans peut-être, nu comme un ver, qui examinait avec beaucoup d'attention son pénis raide et dont il avait rétracté le prépuce. Le texte qui accompagnait la scène expliquait en termes fleuris que, si ''la petite fontaine des garçons'' pouvait se raffermir ainsi, c'était pour servir à d'autres activités que l'arrosage du gazon. La première de ces activités était d'ailleurs explicitement évoquée, puis minutieusement détaillée dans les cinq images suivantes qui ne laissaient pratiquement rien ignorer des bases indispensables de l'art vital de la masturbation. Cet intéressant exposé se poursuivait par la description des zones éminemment sensibles du périnée et de quelques uns des plaisirs procurés par des caresses adéquates, tout en mettant en garde contre l'introduction dans l'anus d'objets malpropres ou susceptibles de blesser. Les auteurs faisaient à ce sujet d'utiles suggestions, joliment illustrées, citant un certain nombre de fruits ou légumes, selon la saison, dont la forme et la consistance se prêtaient particulièrement à une utilisation stimulante autant qu'inoffensive.


Assez vite, le garçon, s'empressait de partager ses jouets avec un, puis deux camarades. Quelques images montraient même ce qu'un peu d'imagination créative permettait d'espérer de la réunion de quatre, voire cinq polissons en quête de sensations.


Passablement troublé et rougissant, Julien continua de feuilleter l'ouvrage au cours duquel l'âge du garçon changeait subtilement ; les dernières peintures montrant un grand adolescent prêt à élargir le champ de ses expériences aux lectrices du ''Jardin Secret''. Entre temps, ledit garçon avait eu l'occasion de se familiariser avec les fascinantes transformations de son corps ainsi qu'avec une étonnante variété de pratiques dont Julien, même dans ses fantasmes les plus délirants, n'aurait jamais pu soupçonner l'existence.

“Vos parents vous donnent ça !?

“Non, l'informa Niil, même moi je n'ai pas eu un exemplaire aussi beau. Je suis sûr que celui-ci vient de la Bibliothèque Impériale. Mais oui, tous les garçons en reçoivent un, un jour ou l'autre. Vous n'avez pas le même, chez vous ?

“Oh non !

“Comment vous faites, alors ?

“Qu'est-ce que tu veux dire ?

“Qui est-ce qui vous apprend à vous servir de votre sanng neh ?

“Comment ça ? Personne !

“Tu veux dire que les gens ne savent pas comment ça fonctionne !?

“Non. Enfin, si. Les adultes, les parents... ils savent ces choses-là... Les grands aussi. Ceux qui ont plus de seize ans...

“Vous ne vous en servez pas avant seize ans !!!

“Euh...

“Mais enfin ! Toi, tu t'en étais déjà servi, non ?

Les oreilles de Julien étaient maintenant d'un bel écarlate et il commençait à se demander s'il n'allait pas avoir un accès d'autorité et mettre fin à cette désastreuse conversation. Mais Niil avait l'air tellement bouleversé qu'il décida qu'une explication franche s'imposait :

“Écoute... Chez moi, on ne parle pas de ces choses-là. Surtout pas avec ses parents... ni avec aucun autre adulte non plus d'ailleurs. Les gens disent que c'est mal même de penser à ça. Les curés “c'est des prêtres “ils disent que c'est un péché de se toucher là pour autre chose que pour pisser et que ceux qui ont des mauvaises habitudes, ceux qui se branlent, ils vont rôtir en enfer. Moi, je ne vais pas chez les curés, mes parents sont contre, mais la plupart de mes copains, oui.

Niil, et maintenant Ambar, étaient consternés. Se rapprochant de Julien, Ambar se saisit de la main du malheureux handicapé et lui demanda d'une voix où se mêlaient compassion et incrédulité :

“Alors, avec nous, c'était la première fois ?

“Non !... Enfin... Si. Je l'avais déjà fait tout seul. Mais jamais avec quelqu'un d'autre.

“C'est incroyable ! Je ne pourrais pas vivre là-bas.

Ambar avait l'air tellement horrifié à l'idée d'un monde où il serait privé des joies du sexe que Julien finit par éclater de rire.

“Non, ça je veux bien le croire ! Tu n'arrêtes pas d'y penser. Je parie que tu pourrais réciter les ''Délices'' par cœur.

“Pas tout, il ne faut pas exagérer... Mais le début, oui. Je peux t'apprendre, si tu veux.

“C'est ça ! Sous la douche, je suppose.

“Non mais ! qu'est-ce que tu imagines ? Non, pas sous la douche. Comme il faut, dans un lit !

Dommage, j'avais justement envie de prendre une douche. Tant pis, ce sera pour une autre fois... Je pense que Niil ne refusera pas de me frotter le dos.

Hé ! Il te faut aussi quelqu'un pour te frotter le ventre. Regarde !

Ambar souligna son propos en désignant les plis dérangés du laï de Julien qui trouvait que, malgré le confort qu'il offrait sous un climat quasi-tropical, ce vêtement d'intérieur était décidément beaucoup trop léger et révélateur pour qu'on le porte pour lire des œuvres comme les ''Délices''. Ou simplement pour être en compagnie d'Ambar qui semblait s'arranger, en toutes circonstances, pour susciter des pensées coquines. Il allait devoir se résigner à porter un sous-vêtement.

Oui, eh bien, il faudra que ça attende. Il va être l'heure du repas et j'ai invité Tannder.

Justement, s'il t'a apporté les ''Délices'', c'est sûrement parce qu'il pense que ça te sera utile. Si ça ne te donne pas des idées, il va être déçu.

Je n'ai pas besoin de ça pour me donner des idées. Il suffit que tu sois ici. Et les idées que j'ai ou que je n'ai pas ne regardent pas Tannder. Et puis cesse de t'asseoir comme ça, en tailleur. Ou alors, tire ton laï sur tes genoux. J'ai assez vu ta marchandise pour l'instant.

Ma marchandise ? Quelle marchandise ? Oh ! Ça ! Excuse-moi, je ne m'étais pas aperçu qu'on pouvait voir. Remarque, en général, c'est plutôt du côté de la figure des gens qu'on regarde...

“Ambar, intervint Niil, hilare, arrête de tourmenter Julien. Il va vraiment finir par croire que tu ne penses qu'à ça.

Le carillon annonçant l'arrivée du repas mit un terme aux plaisanteries. Deux maîtres d'hôtel à l'allure curieusement militaire dressèrent la table pendant que les enfants disparaissaient pour se laver sagement les mains et Tannder fit son apparition à la seconde même où tout le monde fut prêt.


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