Date: Tue, 1 Apr 2014 20:11:05 +0100 (BST) From: Adelard Dore Subject: Retour à la Beat Generation 4 Retour à la Beat Generation 4 Note: Nifty nous offre l'occasion de vivre de belles émotions grâce à toutes les histoires qui y sont racontées. Une contribution serait donc appréciée pour permettre à Nifty de poursuivre cette merveilleuse aventure. Envoyer un don à : http://donate.nifty.org/donate.html Un Jacking Club à Harlem Le lendemain c'était dimanche. Le matin avait réveillé nos corps dans tous les sens du mot. Repoussant les couvertures, j'ai voulu me masturber et Claude s'apprêtait à m'imiter. Mais Bertrand est intervenu. « Je voudrais bien qu'on se branle ensemble les amis, mais que diriez-vous si on attendait la fin de l'après-midi. Toute la journée, on accumulerait nos désirs et l'attente rendra plus forte notre fin de journée sexuelle. » On a bien ri et on a résolu de l'écouter... Aussi, ne voulait-il pas que l'on perdît du temps. Il avait prévu qu'on irait à Harlem entendre du Gospel et qu'on visiterait ensuite les Cloîtres situés à Fort Tryon Park dans le nord-ouest de Manhattan presque à la dernière station du métro IND. Ces cloîtres ont été transportés d'Europe et remontés à New York pour abriter, entre autres merveilles, une bonne partie de la collection d'art médiéval du Met. Notre journée fut encore une fois des plus mémorables. Bertrand fut non seulement un guide parfait mais un savant qui nous guida avec des connaissances encyclopédiques et multidisciplinaires nous permettant de faire des liens que nous n'aurions jamais pu faire sans lui. Vers le milieu de l'après-midi, on est retourné à Greenwich pour prendre un verre chez Julius, célèbre taverne du Village, majoritairement gay à l'époque, située Waverly Place. Curieusement, Julius était aussi reconnu pour héberger de nombreux hétéros à la recherche d'une expérience sexuelle originale, excentrique, on dirait aujourd'hui déjantée. Des gars, souvent mariés, de tous les âges, entraient chez Julius pour se faire draguer par des hommes qui leur offriraient des services sexuels que leur femme, ou les femmes en général, ne semblaient pas disposer à leur donner. On allait chez Julius pour du bon « cul » trouvé assez rapidement et très efficace pour la santé générale du corps...et de l'esprit sans doute. Nous ne sommes pas passés inaperçus. Nous étions deux jeunes hommes et un homme, tous plutôt beaux (l'homme était divinement beau) et nous parlions une langue étrangère. Il n'en fallait pas plus pour que la faune de chez Julius s'anime et s'allume sur notre passage. Un très beau Noir, début vingtaine, mince, filiforme mais athlétique, grand comme un joueur de basketball et qui devait porter au moins des #13 comme chaussures _ j'avais remarqué tout de suite car de vieux fantasmes revenaient constamment me hanter _ se retourna dans notre direction, écarquilla les yeux comme pour mieux voir s'il ne s'agissait pas d'un mirage, et, voyant qu'il avait bien vu, décida de regarder franchement dans notre direction. Bertrand, toujours lui, nous indiqua qu'on avait fait une touche et qu'il faudrait bien mettre un peu de « Noir » sur notre fin d'après-midi. Claude et moi restions sagement dans notre coin dégustant notre bière, à la fois inquiets et excités, à l'idée de faire une baise à quatre avec le beau Noir. Nous n'en parlions pas mais chacun avait commencé à fantasmer. Claude avait fait du chemin en deux jours et comme dans le cas des enfants qui se découvrant tout à coup habiles avec un nouveau jeu ne cessent de s'en servir du levé au couché, Claude qui avait été un peu surpris et enchanté de la réponse de son corps à nos caresses et de sa propre excitation face au nôtre, semblait désirer maintenant en recevoir de plus en plus de ces caresses et de tout le monde en plus...Il était beau à voir. Je sentais que son cœur battait à double rythme : celui de la peur et celui du désir; peur que la drague ne fonctionne pas, peur de ramener un inconnu à l'hôtel, peur de le découvrir et de se découvrir devant lui, mais désir de tout cela en même temps. Faire du merveilleux avec du banal, (comme Kérouac l'avait fait au cours des voyages qui ont servi à écrire Sur la route et ses autres livres). Ajouter à un week-end prévisible fait essentiellement de visites culturelles bénéfiques pour son esprit, des heures d'excitation et de jouissance imprévisibles bénéfiques cette fois pour son corps. C'était au-delà de l'attendu. Par conséquent, tout ce qui arriverait désormais était pour Claude une sorte de conte des Mille et Une nuits et...pour moi aussi finalement. Au bout d'une demi-heure environ, Bertrand revint vers nous avec le « Black » et il nous le présenta. Il s'appelait Don. Bertrand nous invita donc à terminer notre bière car nous allions « tripper »_ c'était son expression _ avec Don à l'hôtel. Devant l'évidence que j'allais pouvoir le parcourir dans tous les sens, j'ai cessé de censurer mon imagination_ je me censurais un peu pour ne pas être trop déçu si le contact ne marchait pas_ et je me suis mis à rêver de lécher les pieds et le cul du Black qui m'apparaissait déjà comme une merveille dans son jeans. J'avais une envie folle qu'on soit tous les quatre à poil et qu'on se crosse avec le beau Don. Dans le métro qui nous conduisait à Times Square, Bertrand me glissa à l'oreille que le Noir satisferait tous mes fantasmes. Il avait discuté avec lui de ce qu'il aimait en général et ils avaient convenu qu'il nous donnerait d'abord un strip-tease suivi d'un show de masturbation personnelle après quoi on pourrait jouer avec lui et lui avec nous. Non seulement Bertrand était un admirable organisateur et guide de voyage, il était, en faisant volontairement un jeu de mot, un MASTER-BATE (Maître de la branle) Installés confortablement dans notre petite suite, nous reprîmes les mêmes places que la veille, mais cette fois avec Don sur le canapé à côté de Bertrand. Ce dernier étala sur la table sa panoplie de jouets dont la « divine herbe » et les « transcendants poppers» (à l'époque, comme je l'ai déjà écrit) étaient plutôt des tubes d'amylnitrite. Deux petits joints circulèrent autour de commentaires préparatoires à la joute sexuelle. J'ai dit à Don qu'il devait avoir sûrement une belle et grosse queue et que j'avais bien hâte d'y goûter. Il m'a répondu que mon cul attirait sa curiosité. Bertrand a vanté la sensualité et la queue longue et mince de Claude alors que je préparais Don à la merveille qui se cachait dans le froc de Bertrand. Comme on avait tous enlevé nos chaussures en entrant, la pièce était déjà envahie par un parfum rare de pieds d'hommes auquel s'ajouteraient bientôt les fragrances de nos culs, de nos queues et du sperme chaud. Cela, on ne faisait pas que le penser, on le verbalisait. Moi surtout. Je disais combien j'étais « anxieux » de sentir tous les parfums qui se combineraient bientôt pour former une harmonie empreinte de testostérone, de masculinité et de petites négligences ...qui rendent si insipide, s'ils en sont absents, le sexe parfaitement aseptisé. La marijuana à peine consommée, Don se leva, fidèle au contrat tel que défini préalablement entre Bertrand et lui. Il déplaça la petite table à café de manière à libérer l'espace entre le canapé et les fauteuils. Il se plaça au bout de cet espace ayant le canapé à sa droite et les fauteuils à sa gauche comme s'il était le centre de la courbe au fond d'un grand `U'. Une musique douce de jazz blues, en provenance de la radio, inondait la pièce d'une sorte de mélancolie chaude et sensuelle qui ne demandait qu'à se vivre dans le plus complet abandon des sens. Lentement, soutenu par la musique, Don a défait la boucle de sa ceinture. On a tous ravalé notre salive sentant que le spectacle promis allait commencer. Don ouvrit sa braguette et joua avec son pénis à l'intérieur de son jeans. Il nous montra qu'il était bien bandé pendant qu'on se caressait la bite la main sur nos braguettes. Il enleva ses chaussettes et nous lança chacune d'elles à Claude et moi. Me voyant prendre de grandes sniffées sur la chaussette-cadeau, Claude se sentit obligé, ou avait-il déjà développé le goût, de sniffer à son tour l'autre chaussette. Le bruit de nos respirations eut l'heur de plaire à Don qui laissa tomber son jeans et, en se retournant, nous montra ses belles fesses de Black, dures et rondes coincées dans son slip tendu au max. Quand il s'est penché pour nous laisser deviner l'ombre plus foncée que sa craque de cul faisait sur le slip, je me suis retenu de ne pas aller plonger mon nez là-dedans. L'entente, ou simplement le programme annoncé, prévoyait un show solitaire avant nos jeux collectifs. Je devais donc me retenir un peu...Que la patience était difficile à vivre! Il retira ensuite son pull et son t-shirt et s'est avancé devant chacun de nous, en commençant par Bertrand pour nous faire toucher à sa queue par-dessus son slip. Il posait une main sur notre nuque et en poussant lentement, il approchait notre figure de sa queue toute bandée dans le slip blanc. « Je veux vous entendre prendre de grandes respirations et bouffer les parfums de ma belle queue de nègre » a-t-il dit comme s'il prenait sa revanche sur des siècles d'esclavage. Quand mon tour arriva, j'étais le dernier, le fait d'avoir entendu Claude sniffer le slip de Don avec une telle intensité, j'étais déjà presque combler. Je savais maintenant que Claude ferait désormais partie de notre Club Select de sniff-queues et de sniff-culs. Faut dire que l'odeur du slip de Don cachait une surprise. Je n'avais jamais senti un Noir de proche, surtout pas son intimité. On m'avait dit qu'ils avaient une odeur particulière, forte mais capiteuse comme des parfums riches d'Orient. J'étais comblé. C'était encore mieux que dans mon imagination! On aurait dit de vieilles épices qui avaient séché au soleil avant d'être exposées à l'humidité. C'était fort, intense, profond, ambrée, un peu caverneux mais ce n'était rien auprès de son cul que je n'ai pu résister à lui demander de sentir à-travers son slip. Là était le vrai trésor, celui de la vieille Afrique, celui qui se cache dans la brousse profonde dont il était la transmutation, ici et maintenant, dans notre chambre de l'Edison ici à New York. Son premier tour terminé, Don a retiré son slip pour nous révéler une autre merveille d'Afrique : sa puissante tige brune au cap violet foncé, sculptée comme un totem avec des nervures un peu mauve qui l'alimentaient de sang et d'hormone. Et ce bel édifice de la Nature se dressait au-dessus d'une bourse solide et tendue comme une outre de caravanier à la sortie d'un caravansérail. On sentait que, dans l'outre, s'agitaient doucement, apparemment dans un chaud liquide, deux belles couilles quasi la grosseur de deux œufs qui brassaient secrètement une liqueur rare et ancienne que nous aurions plus tard la chance de déguster. Don attrapa un gode et du lubrifiant sur la petite table juste avant d'aller s'assoir sur le canapé à côté de Bertrand. Après avoir lubrifié son cul et le gode, il l'enfonça dans son trésor et nous invita à l'imiter. On rejoua donc la scène de la veille mais il manquait un gode. Je l'ai laissé à Claude qui était encore assez novice pour ne pas être privé d'un autre exercice et je lui ai dit que j'utiliserais mes doigts. Chacun à sa place, à la demande de Don, on s'est masturbé en se regardant comme la veille mais avec un partenaire de plus, et quel partenaire...un mandingue! Nos regards allaient de nos queues à nos culs enfoncés par les godes ou mes doigts et de nos culs à nos yeux qui exprimaient une terrible charge de testostérone et d'excitation. Don nous avait prévenus qu'il souhaitait qu'on jouisse une première fois dans une masturbation collective avant de reprendre la fête en s'amusant réciproquement avec nos corps. « La soirée sera encore jeune après une première jouissance » avait-il conclu. L'odeur de nos corps qui suaient sous la poussée des hormones mâles, ajoutée à celles qui s'étaient répandues dans la pièce depuis notre arrivée, compléta la frénésie de nos branlettes sauvages, et on a joui presque tous les quatre en même temps. Le jet de Don est allé par-dessus sa tête sur le tapis derrière le canapé. Claude s'était levé pour jouir et il a craché par terre. Bertrand et moi, dans un duo rapidement improvisé, on s'est mis à genoux l'un devant l'autre dans l'espace entre le canapé et les fauteuils et l'on a joui l'un sur l'autre, offrant à nos deux spectateurs, pourtant déjà satisfaits, un petit supplément pour combler leur détente « post ejaculationem ». Après une quinzaine de minutes dans le silence et le repos, à demi assoupis, qui sur le canapé, qui sur le fauteuil, qui sur le tapis, et un quatrième, moi, sur le lit, Don a crié : « J'ai faim! » J'ai souvent remarqué que la drogue creuse l'appétit et nous pousse à manger plus que d'habitude...du moins les drogues douces ...et pour ceux qui sont seulement des consommateurs occasionnels. Il paraît que ce n'est pas le cas pour les habitués, ni à l'usage de drogues plus costaudes. À la suggestion de Don, nous sommes allés casser la croute dans une cafétéria à Broadway. Juste avant de sortir du restaurant, Don nous a proposé une soirée très « spéciale » dans un bar privé de Harlem. On a sauté dans le métro pour s'y rendre. Tout ce qu'il nous en a dit pour s'assurer de notre collaboration, c'est qu'il fallait aimer les Noirs _ ça c'était assez évident _ et qu'il fallait être un adepte de la masturbation collective ou solitaire_ c'était aussi évident. Néanmoins, où allions-nous vraiment et dans quelle galère nous retrouverions-nous? L'endroit était situé dans une rue assez obscure de Harlem qui semblait avoir une myriade de vocations, du moins à cette époque. On est parvenu devant une sorte de « brownstone house » assez typique de Harlem qui paraissait abandonnée ou presque si ce n'eut été d'une plaque au-dessus de la porte qui portait la mention « MM Club ». On a su plus tard que cela signifiait Mate Masturbation Club (Club de masturbation entre copains). Une grande porte donnait accès à un rez-de-chaussée plus élevé, qui avait l'allure d'un étage, car il se situait en haut d'un escalier; architecture typique des brownstones. À l'intérieur, nous avons été accueillis par un beau Noir qui demanda à Don si nous étions au courant des activités du Club. Sa réponse affirmative lui permit de nous préciser que l'accès des lieux n'était pas interdit aux Blancs mais que, généralement, il en venait très peu et toujours devaient-ils être accompagnés d'un Noir...ce qui était notre cas, bien sûr. De ce vestibule d'une grandeur exceptionnelle où il nous a fallu débourser $10 par personne _ Bertrand paya pour les quatre _ nous avons été introduit dans un vaste salon dont les murs étaient placardés de casiers à linge avec un cadenas et une petite clé individuelle. On nous a indiqué que nous devions enlever tous nos vêtements à l'exception de notre slip, nos bobettes comme on dit au Québec, si nous souhaitions le garder. On nous fournissait des « flip-flop » en guise de chaussures moyennant $3 supplémentaire par personne pour les nettoyer après chaque usage. Bertrand a tenu à régler encore une fois l'addition. En bobettes et en flip-flop, nous sommes descendus dans un entresol large et relativement spacieux. Sur un long mur, il y avait un bar derrière lequel se tenaient deux garçons noirs splendides ne portant que des pagnes à la manière de certaines tribus africaines. Dans la salle qui était éclairée d'une lumière suffisamment tamisée pour créer de l'intimité mais suffisamment claire pour qu'on distingue tout et tous facilement, il devait y avoir environ une quinzaine de personnes...tous des Noirs entre 20 et 45 ans, je dirais. La plupart étaient très beaux et très sexés. Devant le bar, il y avait deux petites tables au milieu desquelles trônait un pot de lubrifiant. Autour de chacune d'elle, trois jolis fauteuils les entouraient. Autour de l'une d'elle, trois beaux Noirs dans la vingtaine étaient assis et se masturbaient lentement chacun contemplant l'exercice de l'autre. Ils avaient déposé leurs bobettes sur la table. Une presque irrésistible envie me prit d'aller les sentir à mon goût. Mais je me suis retenu, n'étant pas familier aux usages de la maison. Un panneau au-dessus du bar indiquait clairement que seule la masturbation individuelle ou mutuelle était permise. Le sexe oral ou anal était totalement interdit sous peine d'expulsion. Les consommations étaient facturées à notre numéro de casier et payables à la sortie. Une longue banquette de cuir occupait le mur opposé au bar où siégeaient cinq ou six autres Noirs qui se branlaient en regardant surtout les trois assis autour de la petite table. D'autres gars debout se crossaient devant l'ensemble du spectacle. Nous étions bouche-bée devant ce que nous découvrions. C'était tellement bandant de voir tous ces beaux spécimens de Noirs se masturber ensemble mais individuellement devant chacun, et chacun y allant de son style et de ses petites fantaisies pour se faire plaisir et pour faire plaisir aux autres. On avait à peine reçu nos consommations que nous étions complètement bandés et nos queues éclataient dans nos bobettes. Don nous invita à les enlever et à joindre la compagnie. Je n'imaginais pas que j'allais pouvoir tenir longtemps devant un tel spectacle. Même si j'étais super excité, j'hésitais à me satisfaire, comme mes compagnons sans doute. Nous voulions tous faire durer, le plus longtemps possible, ce moment de grâce qui ne reviendrait peut-être jamais. L'un des barmen a bandé lui aussi. La présence de trois Blancs dont la queue était gonflée à bloc diversifiait son paysage sexuel habituellement noir. Sa belle et grosse queue noire presque bleue se dressait au-dessus de son pagne ajoutant encore à mon excitation. Après un dizaine de minutes de ce show exceptionnel, Don alla rejoindre un grand Noir qui se branlait lentement tout seul, un peu à l'écart et lui murmura quelque chose à l'oreille. Ce Noir, qui devait être un des plus vieux du groupe, environ 40 ans, était mince, grand, musclé comme un coureur de marathon. Sa queue était impressionnante : longue d'un bon dix à onze pouces. Elle était large, droite et dure comme une tige de bambou. Il la tenait à deux mains. Il avait les cheveux frisés comme la plupart des Noirs mais ils avaient des reflets gris. C'était un homme, un vrai, un mâle mature. Son pubis était gonflé par une épaisse toison frisée de poils durs et noirs. Encore une fois, j'aurais voulu y mettre mon nez. On l'a vu sourire à ce qui nous semblait être une proposition de Don. Puis, il a fait un signe à l'un des barmen. Au fond de la salle, nous ne l'avions pas remarqué en entrant, il y avait une sorte de trône en cuir blanc installé sur une petite tribune. Le signal fait au barman avait pour but d'allumer une lumière directement orientée au-dessus de ce trône l'éclairant parfaitement. Aussi, les barmen ont ouvert deux petits tubes d'amyl qu'ils ont disposés sur le bar. Il n'en fallut pas plus pour que la salle soit envahie par l'odeur, qu'on dirait aujourd'hui du poppers, et nos têtes ont chaviré sous l'effet. Lentement, mais sans cesser de se branler, le grand Noir s'est installé dans le fauteuil surélevé et maintenant abondamment éclairé. Il a bien écarté les jambes et il a poursuivit sa branlette de manière magistrale et tout à fait confortable comme s'il était tout seul dans son salon. Il tirait sur sa bourse et retenait ses couilles, grosses comme des œufs, dans l'une de ses larges et puissantes mains tandis que l'autre remontait et descendait le long de sa tige de bambou bleue avec un rythme régulier que des années de pratique avait rendu aussi nuancé, coulant, soutenu et varié qu'un IT de grand jazzman. Après un bon dix minutes de cette performance inoubliable qui nous faisait tous dégouliner de liquide pré-éjaculatoire qu'on s'empressait de bouffer rapidement pour laisser de la place à la coulée suivante, il se leva de son trône et s'avança légèrement sur sa tribune. Il tira sur ses couilles une dernière fois avant de se pencher et d'engloutir son gland dans sa grande bouche aux larges lèvres sensuelles et d'un rose quasi mauve. Sa queue produisait beaucoup de liquide pré qu'il laissait tantôt couler le long de sa queue et tantôt avalait à grandes lippées. Puis, se redressant soudain, une ou deux secondes, pour regarder directement son assistance comme s'il voulait nous transmettre un ultime message, il se pencha de nouveau. Il a émis une longue plainte sourde et profonde alors que de puissants jets de sperme giclaient sur sa figure et dans sa bouche. Le surplus glissait sur sa tige mauve et se retrouvait sur le sol. Pratiquement au même moment, plusieurs des assistants émirent aussi des sons distincts mais semblables de soulagement et de jouissance. Le sperme vola en provenance d'un peu partout dans la salle. À la forte odeur de pieds et de vestiaires de l'amyl, s'ajoutait celle de la sueur d'un groupe de mâles tout nus qui laissaient échapper des fragrances de pieds, de bites, de culs et d'une abondante quantité de sperme chaud. Quelques uns applaudirent notre acteur Noir. Claude et moi avions joui l'un à côté de l'autre et l'on reprenait notre souffle quand, jetant un coup d'œil sur la banquette, nous vîmes Bertrand et Don qui s'achevaient mutuellement devant le regard lubrique des trois Noirs assis dans les fauteuils autour de la petite table. Tranquillement, sous l'effet de ce calme que Marguerite Yourcenar appelait « la petite mort », l'instant qui suit l'orgasme, chacun retrouvait ses esprits. Plusieurs se dirigeaient lentement vers le vestiaire. Réunis au bar pour terminer notre consommation et cherchant des mots pour exprimer notre émotion face à cette extraordinaire session de masturbation collective, Don, encore une fois, rompit notre quasi léthargie en disant avec humour : « Maintenant que nous avons prit l'apéro, allons à l'hôtel pour notre repas! Il faut bien qu'on se mange maintenant. Assez d'apéritifs! » Il se mit à rire et nous précéda dans l'escalier qui conduisait à l'entrée. Le commis de l'accueil, pour s'assurer le retour de sa clientèle, nous avisa que le Club était ouvert sept jours sur sept de 19h à minuit et le samedi jusqu'à 3 heures. On le remercia de cette précieuse mais inutile information car nous devions rentrer le lendemain à Montréal. Dans la rue, d'autres Noirs s'avançaient vers l'escalier du Club. On sauta dans un cab pour se faire conduire à l'Edison. Rentrés à l'hôtel, on a repris nos places devenues habituelles sur le canapé et les fauteuils. Don suggéra que l'on fume encore un peu d'herbe avant la « grande bouffe de cul » dit-il en riant avec éclats. On a suivi son conseil, mais après toutes les activités et les émotions de la journée, l'herbe eut pour effet de diminuer nos énergies, à tout le moins de nous rendre plus « romantiques », plus tendres, plus langoureux et moins sauvagement sexuels. Don, assis à côté de Bertrand et le désirant ardemment, commença à le déshabiller. Devant les longs baisers lascifs et la fellation intense que Don pratiquait sur Bertrand, Claude et moi avons décidé d'aller au lit plutôt que de compléter le tableau érotique de nos deux compagnons. Mais, une fois couchés, nous nous sommes enlacés tout naturellement et nous avons commencé à nous embrasser et à nous caresser. Après un bon quart d'heure de jeux, on avait oublié complètement l'existence même de nos compagnons. Nous fûmes surpris de constater, par le bruit de succion qui nous parvenait du lit voisin, que Bertrand et Don étaient engagés dans un 69 chaud et passionné tout à fait semblable à celui qui nous liait Claude et moi. Lequel des deux couples avait inspiré à l'autre une telle fraternité complice? Nous ne le saurons jamais. Il est plutôt probable que ce soit nous car nous les avions laissés sur le canapé. Notre confort dans un lit et les quasis gémissements de Claude quand j'ai recommencé à lui manger le cul, tout cela a dû inciter nos compagnons à nous imiter dans l'autre lit. Au milieu de nos gestes sexuels, j'ai murmuré à Claude que j'avais envie de le pénétrer. Il résista en exprimant sa peur, bien compréhensible. Quand je lui eus promis de faire tout ce que je pouvais pour lui rendre cette première expérience anale la plus agréable possible, surtout au début _ pour la suite j'étais certain qu'il apprécierait comme il avait apprécié mon jeu dans son cul avec le gode_ il a fini par accepter. J'étais tellement excité à l'idée de pénétrer Claude car je me rappelais mes branlettes chez moi à la maison quand je revenais de l'université et que je rêvais de sniffer le fond de son pantalon marron, et certains soirs où mes fantasmes me rendaient plus audacieux le pourtour de son trou de cul même. Voilà que non seulement j'avais été comblé de pouvoir le voir, le lécher et le sniffer de partout mais j'allais pouvoir de surcroît l'enfoncer jusqu'au bout de ma hampe. Lui ne semblait pas avoir nourri autant de fantasmes à mon égard. On n'en a jamais parlé de toute façon et il est peu probable, inconscient ou presque qu'il était de ses propres désirs homosexuels quand on s'est connu, qu'il ait pu laisser monter de telles fantaisies au milieu de son plaisir solitaire sans leur imposer des frontières presque infranchissables. Mais ça, je ne le saurai vraiment jamais. Inspirés par les gémissements de Claude quand ma queue se frottait contre sa prostate, il semble que nos compagnons se soient appliqués encore une fois à nous imiter. Il était évident depuis la première rencontre que Don souhaitait posséder Bertrand. C'était donc ce soir là ou jamais. Entendant les petits cris de Bertrand, je me suis retourné vers son lit pour me rendre compte que Don et lui avaient adopté la même position que nous et ils nous copiaient encore sans vergogne. J'embrassais Claude à pleine bouche pour lui faire accepter plus facilement la barre qui le défonçait et Don couvrait la bouche de Bertrand de ses larges et juteuses lèvres africaines. Quand j'ai senti que Claude était au bord de jouir, je me suis redressé et j'ai commencé à le masturber jusqu'à ce qu'il crache son jus sur son ventre. Deux bonnes giclées atterrirent sur le mur derrière le lit. J'ai ensuite joui sur son ventre et sur sa figure. Il bouffa ce qu'il put de mon sperme. Épuisés par le sexe, la drogue, l'alcool et nos longues promenades dans Manhattan, je me suis effondré contre lui et une minute plus tard, nous dormions comme des princes sans souci. J'imagine que nos deux compères firent de même. Il était bien 11 heures quand nous nous sommes réveillés, presque en même temps. Bertrand a paniqué un peu quand il a vu l'heure qu'il était. Il fallait quitter l'hôtel pour midi. On y est allé d'une douche rapide et efficace pour se défaire des traces de la veille et, une heure plus tard, nous étions en train de prendre notre petit déjeuner. Discrètement, Claude et moi avons conversé en laissant Bertrand et Don se faire leurs adieux. Nous avons compris que Bertrand invitait Don à Paris pour deux semaines en février, toutes dépenses payées. Il m'est apparu que la proposition se concluait rapidement par une acceptation sans réserves. J'étais content pour eux. Je me demandais seulement ce qu'il arriverait de Claude et moi quand nous serions de retour à Montréal. À 13 heures, l'automobile qui avait patiemment attendu dans un garage de Broadway que nous venions la récupérer, trouva sans difficulté son chemin vers la bretelle d'accès de l'autoroute du West Side. Dans la voiture, la conversation retrouva son caractère intellectuel. On relia notre expérience newyorkaise aux tribulations de nos héros de la Beat Generation qui avaient tant marqué notre court séjour dans la Grosse Pomme qui d'ailleurs ne portait pas encore ce surnom à cette époque. Bertrand nous précisa que nous avions, en quelque sorte, accompli nous aussi notre propre chemin On the Road. Nous avions laissé parler nos corps et nos esprits en lien avec les lieux et, avec peu de choses finalement, nous avions fait beaucoup. Nos fantasmes avaient nourri nos vies au gré de rencontres de hasard. Il nous restait tout simplement, mais ce n'était pas là la moindre tâche, à l'écrire; ce que j'essaie de faire bien des années plus tard. Dans les quelques semaines qui ont suivi notre retour de New York, Claude et moi avons été invités à dîner à l'appartement de Bertrand. Mais il ne fut plus question de sexe entre nous. Claude est venu dormir chez moi quelques fois mais, dès la fin janvier, il a cessé de venir et je n'ai pas insisté. Deux jours avant Noël, nous avions fait nos adieux à Bertrand à l'aéroport. Il nous a chaleureusement invités à venir le voir à Paris. Mais, contrairement à ce qu'il avait fait avec Don à New York, il ne nous a proposé aucune date précise. Son invitation était sûrement sincère mais il comptait peut-être sur le temps pour qu'il se charge de nous dissuader de venir. Et le temps a exhaussé ce vœu sans doute involontaire. ... À la fin de l'année scolaire, Claude a sorti de ma vie et je ne l'ai jamais revu. Quant à Bertrand, j'ai su qu'il continuait sa carrière universitaire en Europe, mais je n'en ai reçu aucune nouvelle. Je ne sais même pas si le beau Don est allé le voir à Paris. Quelques années plus tard, quand j'étais de passage à Paris, j'ai souvent pensé à lui. En m'adressant à la Sorbonne ou dans quelques autres institutions du Savoir, j'aurais pu au moins obtenir le numéro de son bureau. Mais, j'ai pensé que tout cela briserait le charme du souvenir. Il avait dû changer et moi aussi j'avais changé. Peut-être avait-il voulu oublier totalement cet épisode de sa vie américaine? Peut-être pas non plus? Mais, pour lui comme pour moi, la vie ne se reprend pas. La beauté du passé réside essentiellement en son souvenir. Tenter de le faire revivre activement, c'est aussi périlleux que d'exposer au soleil des peintures enfouies dans des tombes royales depuis des siècles. On risque de tout détruire y-compris le souvenir même qu'on voulait tant préserver. Cependant, il m'arrive encore parfois, certains soirs d'automne, quand je rentre chez moi après avoir pris l'apéro avec des copains, de sentir que le vent transporte, seulement pour moi me semble-t-il, d'étranges et fines fragrances que ma mémoire reconnaît comme celles déjà perçues dans le fond d'un pantalon marron qu'avait imprégné semblablement l'humidité d'un novembre newyorkais. De même, lors des voyages en Europe effectués de nombreuses fois depuis ces années passées à l'université, quand il m'arrive de me retrouver devant un certain tableau au Louvre que notre Bertrand nous avait si longuement commenté, ou quand je passe devant la Sorbonne ou quand je frôle involontairement, dans la rue ou dans le métro, un homme grand et mince portant un pantalon un peu froissé qui laisse échapper une petite odeur de sueur ou de négligence dans les habitudes de bain, il me semble que s'il se retournait brusquement, je reconnaîtrais tout de suite mon cher professeur. Cette possibilité d'une improbable rencontre est riche de joie et de plaisir. Au contraire, le revoir pour vrai est la garantie d'un impossible plaisir. Je ne pourrais que regretter ce temps passé où nous étions jeunes et beaux et cet être qui se dresserait devant moi ne serait pas du tout, ou si peu, le Bertrand que j'ai connu et tant aimé. Le temps a défait tout ce qui existait alors autour de moi et que j'appelais mon univers. Il me reste cependant des images et des odeurs, toutes associées à des souvenirs, qui me rappellent qu'il fut un temps où j'étais jeune et heureux. C'était ce temps si précieux de la vie où l'on se sent vraiment vivant quand on est certain de faire partie de la vraie Beat Generation, celle qui pourtant se refait chaque fois, à chaque génération qui passe comme les vagues de la mer sur la plage qui emportent le sable de la marée précédente. Fin Alexandre S.V.P. : Un petit commentaire serait grandement apprécié...car j'ai d'autres nouvelles à publier et il est bon de savoir si elles vous plaisent et si elles vous intéressent...Merci!